DANS LE BUT de mieux modéliser l’épidémie grippale à virus A(H1N1)v des épidémiologistes britanniques du NIH ont réalisé un travail original. Ils ont comparé l’immunité vis-à-vis du virus avant et après la première vague épidémique chez quelque 1 500 personnes. L’enquête confirme bien que les enfants sont les principales victimes du virus et surtout que le nombre de formes asymptomatiques, chez les plus jeunes, multiplie par 10 le nombre des contaminés.
L’enquête, diligentée par l’équivalent britannique de notre direction générale de la Santé, a été menée sous la forme d’une étude sérologique. Les auteurs, Elizabeth Miller (Londres) et coll. ont obtenu, à partir d’une sérothèque nationale, 1 403 prélèvements sanguins de 2008 et 1954 prélevés en août et septembre 2009 (après la première vague épidémique). Les taux d’anticorps ont été mesurés par inhibition de l’hémagglutination et microneutralisation. Ensuite une comparaison a été menée selon la présence d’anticorps sur les sérums pré- et post-épidémiques. L’équipe ne prenait en compte que les titres d’au moins 1:32 (conférant une protection).
Des disparités régionales.
Plusieurs constats sont faits. Tout d’abord, sur les échantillons de 2008, l’incidence des titres d’anticorps dépassant 1:32 s’élève significativement avec l’âge. Elle passe de 1,8 % (3 cas sur 171), chez les enfants de 0 à 4 ans, à 31,3 % (52 sur 166) chez les 80 ans et plus. Ensuite des disparités régionales sont relevées selon l’intensité épidémique locale. À Londres et dans les West Midlands, la différence de proportions dans les échantillons positifs, avant et après l’épidémie, est de 21,3 % pour les enfants de moins de 5 ans, de 42 % pour les 5-14 ans et de 20,6 % pour les 15-24 ans. Au-delà aucune différence n’est enregistrée. Dans les autres régions britanniques, moins touchées, l’augmentation de prélèvements positifs est évaluée à 6,3 %, uniquement chez les moins de 15 ans.
Les chercheurs en concluent que, comme on s’y attendait, les individus nés avant 1957 semblent protégés, grâce aux souches H1 qui circulaient dans la première moitié du XXe siècle. Pour le reste, ils constatent que les positivités sérologiques dépassent largement les cas cliniques constatés. Le modèle mathématique évalue à 32 % l’incidence chez les moins de 15 ans et à 20 % chez les 15-24 ans. Ce qui représente 1 sur 3 chez les jeunes, soit 10 fois plus que le taux fourni par la surveillance clinique.
Outre les données statistiques et prévisionnelles issues de ce travail, deux conséquences cliniques en sont tirées. Elles portent sur les enfants. Ils jouent un rôle clé dans la transmission du A(H1N1)v, essentiellement par le biais de l’école ; ils constituent bien la cible prioritaire de la vaccination.
Lancet, édition avancée en ligne, doi:10.1016/S0140-6736(09)62126-7.
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