L’efficacité des programmes d’éducation thérapeutique délivrés par des « pairs » sur la morbimortalité de la maladie asthmatique à l’adolescence reste délicate à évaluer. Quelques études suggéraient déjà que cette option serait plus efficace qu’une éducation thérapeutique « classique », menée par des professionnels de santé. Dans un premier travail, une équipe américaine avait mis en évidence ce bénéfice dans une étude monocentrique (1). Aujourd’hui, ces mêmes chercheurs américains de l’université d’Austin (Texas, États-Unis) rapportent les résultats d’une étude randomisée multicentrique (2), menée en parallèle dans trois métropoles : Buffalo (New York), Baltimore (Maryland) et Memphis (Tennessee). Elle compare, à nouveau, l’impact d’un programme délivré par des pairs — des ados asthmatiques — versus un programme délivré par des professionnels de santé. « Ses résultats confirment, avec 15 mois de recul, que, chez des jeunes asthmatiques de 12 à 17 ans vivant en zone urbaine, l’éducation thérapeutique délivrée par des pairs -d’autres adolescents asthmatiques — fait mieux que celle délivrée par des personnels de santé », résument les auteurs.
Plus de 300 adolescents, essentiellement afro-américains, suivis bi-mensuellement durant 15 mois
Cette étude comparative multicentrique a randomisé durant 4 ans (2015-2019) plus de 300 adolescents (n = 320) asthmatiques de 14 ans d’âge moyen, dont 53 % de garçons, 78 % d’Afro-Américains. Parmi eux près de 3/4 (75 %) dépendent du système de santé américain public. Tous ont été diagnostiqués depuis plus d’un an, souffrent d’asthme persistant et/ou sont sous traitement médicamenteux. Leurs « pairs » répondent aux mêmes critères, si ce n’est qu’ils sont un peu plus âgés (16-20 ans versus 12-17 ans) et ont été choisis comme « formateurs » par des adultes (des médecins, professeurs…)
L’amélioration de la qualité de vie (échelle pédiatrique dédiée à l’asthme) est plus importante dans le bras éduqué par ses pairs. On est en moyenne à +0,75 versus + 0,37, de différence entre qualité de vie à T0 et T 15 mois. Ce critère primaire, analysé en double aveugle, rassemble à la fois les symptômes d’asthme mais aussi les limitations d’activité et le « fonctionnement émotionnel » de ces jeunes. Et le bénéfice perdure durant les 15 mois de suivi après l’intervention.
« Des programmes d’éducation thérapeutique délivrés par des adolescents et organisés au sein des écoles, collèges, internats ou même dans des établissements de santé pourraient donc probablement restreindre la surmorbimortalité asthmatique observée aux États-Unis, que payent les adolescentes de certaines races et minorités ethniques résidant en zone urbaine », se réjouissent les auteurs.
L’étude a néanmoins ses limites. « Difficile de généraliser d’office ces résultats à des communautés rassemblant beaucoup de blancs et d’hispaniques. Divers items sont autoreportés (sujets à biais) et la spirométrie n’a été réalisée qu’à l’inclusion (T0) et à 15 mois de suivi. Enfin, le recul avec un suivi interrompu à 15 mois après l’intervention, n’est pas assez important pour voir si l’intervention affecte profondément l’asthme de ces adolescents et va impacter la transition à l’âge adulte », nuancent les auteurs.
(1) H Rhee et al. Effects of a peer-led asthma self-management program for adolescents. Arch Pediatr Adolesc Med. 2011;165:513-19
(2) H Rhee et al. Long-term Effectiveness of a Peer-Led Asthma Self-management Program on Asthma Outcomes in Adolescents Living in Urban Areas : A Randomized Clinical Trial. JAMA Network Open. 2021;4:e2137492. doi :10.1001/jamanetworkopen.2021.37492
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