L’hiver dernier, près de 95 000 passages pour bronchiolite ont été recensés dans les services d’urgence. Ils ont donné lieu à plus de 50 000 hospitalisations (au lieu de 30 000 à 45 000 les hivers précédents), en raison d’une épidémie particulièrement précoce et intense : de 2 à 3 % des nourrissons malades ont effectivement déclaré une forme grave. Les services de pédiatrie générale et de réanimation pédiatrique ont donc été submergés : les prématurés, les nourrissons avec une comorbidité cardiopulmonaire mais aussi ceux de moins de 3 mois en bonne santé étaient les plus à risque d’être hospitalisés en réanimation pédiatrique. À noter que ces derniers ont représenté 30 % des consultations aux urgences pour bronchiolite, mais 60 % des enfants hospitalisés en réanimation.
Le nirsévimab, un anticorps monoclonal anti-VRS à demi-vie longue (nécessitant une seule injection), représente donc un nouveau moyen de prévention qui permettrait de protéger un très grand nombre de nourrissons.
200 000 doses disponibles
« C’est la première année où nous disposons d’un moyen de prévention qui, dans les études, se révèle efficace et très prometteur pour protéger du VRS, le premier virus responsable de la bronchiolite et notamment des formes sévères, se réjouit le Pr Romain Basmaci, chef de service pédiatrie-urgences à l’hôpital Louis-Mourier de Colombes (AP-HP). Nous avons donc de bonnes raisons d’espérer ne pas revivre le scénario catastrophe de l’hiver dernier. Ce qui est d’autant plus précieux que, pour l’instant, la bronchiolite n’a pas disparu, avec une courbe épidémique ressemblant à celle de 2019. »
La France est l’un des quatre pays du monde (avec les États-Unis, une partie de l’Espagne et le Luxembourg) à disposer de doses de nirsévimab dès cette année. « Pour notre pays, 200 000 doses ont été commandées pour cette saison hivernale : étant donné les délais de fabrication du médicament (plus de six mois), cette décision a dû être prise très tôt, en début d’année, sous l’impulsion des sociétés savantes de pédiatrie, avant même que les autorités de santé se soient prononcées », explique le Pr Basmaci, qui est également secrétaire général de la SFP.
Priorité aux nouveau-nés en novembre et décembre
Les pouvoirs publics avaient alors tablé sur un taux d’acceptabilité de 30-40 % (d’où ce choix de 200 000 doses) mais, contre toute attente, le médicament a été très demandé par les familles, avec un taux d’acceptabilité supérieur à 80 % ! Il a donc été décidé que le traitement serait réservé aux nouveau-nés avant la sortie de maternité car ce sont eux les plus à risque de formes graves. La dose pouvant être administrée dès la naissance, il faut ensuite compter environ une semaine pour que l’efficacité soit optimale.
« L’utilisation des doses doit être échelonnée pour que les bébés à naître en novembre et décembre puissent être protégés au moment où le VRS circule le plus. Il faut se réjouir qu’il y ait une telle demande et une telle acceptabilité, c’est de bon augure pour les prochains hivers, quand davantage de doses seront disponibles », remarque le pédiatre.
L’épidémie étant encore en cours, il est trop tôt pour tirer des conclusions sur l’effet de ces 200 000 doses. « Nous avons néanmoins l’impression, dans nos services, que la très grande majorité des enfants hospitalisés pour une bronchiolite à VRS sont ceux qui n’ont pas reçu la dose de nirsévimab, et qu’il s’agit d’enfants plus grands. Pour ceux qui ont reçu le nirsévimab, la tolérance est bonne. Cela méritera d’être conforté par les études – qui ont débuté – une fois l’épidémie terminée. Le processus de commercialisation devrait se poursuivre afin d’être proposé l’an prochain à tous les nourrissons de moins de 12 mois », indique le Pr Basmaci.
Ces consignes indispensables à rappeler aux familles !
Même si le VRS est prédominant, d’autres virus donnent des bronchiolites (notamment en début et en fin d’épidémie du VRS), raison pour laquelle les parents doivent rester vigilants et respecter les gestes barrières : ne pas sortir les tout-petits dans des endroits bondés, bien se laver les mains avant de s’en occuper, nettoyer régulièrement les surfaces et laver biberons, tétines, doudous, etc., aérer souvent les pièces, ne laisser personne fumer en intérieur, porter un masque en cas de rhume ou autre infection, éviter les fêtes de famille avec trop de monde et les rassemblements.
Entretien avec le Pr Romain Basmaci (AP-HP, Colombes)
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