PARMI les enfants hospitalisés, aux États-Unis, les infections à Clostridium difficile connaissent une incidence croissante. Ce que vient de confirmer l’analyse rétrospective menée par une équipe américaine, Cade M. Nylund et coll., en partant des données des années 1997, 2000, 2003 et 2006. En revanche, les complications demeurent stables, notamment en ce qui concerne leur sévérité.
L’équipe est donc partie de l’analyse de près de 10,5 millions de patients hospitalisés sur ces 4 années, dont 21 274 étaient porteurs du bacille. Le nombre de cas a plus que doublé, avec 3 565 enfant atteints en 1997, 4 356 en 2000, 5 574 en 2003 et 7 779 en 2006. Les enfants contaminés ont un risque de décès majoré, avec un odd ratio ajusté de 1,2. En ce qui concerne les colectomies, l’odd ratio est de 1,36, sur ce point le taux d’interventions chirurgicales est 10 fois plus bas que celui relevé pour la même infection chez l’adulte. La durée d’hospitalisation s’en trouve majorée, odd ratio de 4,34. Toutefois, ces trois complications n’ont pas connu de tendance à la majoration sur les quatre années analysées.
Un risque 11 fois plus élevé.
L’existence d’une comorbidité chez les enfants hospitalisés favorise la colonisation bactérienne. Ainsi ceux porteurs d’une maladie intestinale inflammatoire ont un risque 11 fois plus élevé de contracter l’infection, que des enfants indemnes. L’étude confirme la place prépondérante de facteurs de risques connus que sont les greffes de cellules souches hématopoïétiques, les transplantations d’organes et l’existence d’une tumeur solide. Globalement, une immunosuppression ou une antibiothérapie favorisent l’infection à C. difficile. Les garçons, enfin, constituent la cible privilégiée du bacille.
Pour expliquer l’augmentation des infections, les auteurs s’orientent vers trois hypothèses, qui peuvent s’associer. La première cause serait l’augmentation des antibiothérapies en ville, pourtant leur prescription est en baisse aux États-Unis… Ensuite, des souches hypervirulentes y sévissent. Antibiorésistantes, elles sécrètent des toxines A et B ainsi qu’une toxine additionnelle dite binaire, il s’agirait notamment de la souche NAP1 (North America Pulsed Field type1). Troisième cause vraisemblable, une attention particulière des professionnels de santé conduisant à davantage de tests diagnostiques.
C. difficile, rappelons-le, est un bacille anaérobie, gram positif, sporulant, à tropisme digestif. Les degrés de l’infection sont variables, ils peuvent aller de l’absence de symptomatologie à une diarrhée sévère, une colite pseudomembraneuse, un mégacolon toxique, une perforation intestinale, voire aboutir au décès du patient.
Arch Pediatr Adolesc Med, édition en ligne du 3 janvier 2011.
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