« Des recommandations internationales existaient mais au niveau français il n'y avait pas de consensus unissant les pédiatres aux médecins d’adultes et d'adolescents », explique la Pr Béatrice Duly-Bouhanick (CHU de Toulouse), coordinatrice du consensus d'expert sur l'HTA de l'enfant et l'adolescent.
Vers un dépistage annuel dès 3 ans
« Ce consensus, relu et validé par un ensemble d'experts rassemblant des cardiologues/hypertensiologues, des thérapeutes, des pédiatres, des néphrologues, des endocrinologues et des médecins généralistes..., vient combler un manque » (1). Pourquoi s'atteler aujourd'hui à cette tâche ? « L’HTA de l’enfant et de l’adolescent a beau être rare, sa prévalence a augmenté ces dernières années en particulier à l'âge scolaire. Chez l'adolescent, elle est souvent liée au surpoids ou à l’obésité, avec un potentiel surrisque cardiovasculaire à l'âge adulte. Chez le jeune enfant les étiologies secondaires (rénovasculaires, cardiaques ou endocriniennes) qui prédominent méritent d'être dépistées. C'est pourquoi nous avons estimé qu'un dépistage systématique annuel dès trois ans devait être recommandé », résume la Pr Duly-Bouhanick.
Pour rappel, « chez l'enfant les pathologies rénales sont les principales pourvoyeuses d'HTA secondaire. C'est en effet le rein qui "gère" la pression artérielle (PA) au long cours. Néanmoins aujourd'hui, si l'on se réfère aux données américaines, la moitié des HTA de l'enfant/adolescent serait d'origine secondaire et l'autre moitié liée à la surcharge pondérale », explique le Pr Jean-Pierre Fauvel.
Une détection bien codifiée
Repérer l'HTA chez l’enfant impose de se référer aux abaques : l'HTA est en effet définie par une PA supérieure au 95e percentile pour le sexe, l'âge et la taille. L'HTA doit être confirmée par trois mesures de PA anormales, au bras droit, espacées d'un mois (sauf valeurs élevées où le délai est raccourci). Au-delà d'une taille de 120 cm, une mesure ambulatoire de la PA (MAPA) complémentaire peut être proposée. En revanche les automesures, faute de valeurs de référence, sont déconseillées au diagnostic.
Le bilan initial comprend au moins une kaliémie, une créatininémie, une recherche d'hématurie et un ratio protéinurie/créatininurie (normale < 50 mg/mmol avant deux ans et < 20 mg/mmol après deux ans). En présence d’obésité ou d'antécédent familial de dyslipidémie, il faut en outre pratiquer une glycémie à jeun, un bilan lipidique et un dosage des ASAT et ALAT.
« Une fois l'HTA confirmée, l'enfant ou l’adolescent doit être adressé à un médecin expert en HTA de l'enfant et de l’adolescent pour une prise en charge multidisciplinaire. Le bilan étiologique sera particulièrement exhaustif chez l'enfant. L'éventuel traitement médicamenteux privilégiera les inhibiteurs calciques et les IEC/ARAII. Sans oublier que l'HTA établie contre indique la prescription d’une contraception œstroprogestative. Si l’HTA apparaît sous contraception œstroprogestative, elle impose l’arrêt immédiat de celle-ci et la mise en place d’une surveillance tensionnelle », résume la Pr Duly-Bouhanick.
D'après un entretien avec les Pr Jean-Pierre Fauvel (Président de la SFHTA, CHU de Lyon) et Béatrice Duly-Bouhanick (CHU de Toulouse)
(1) Duly-Bouhanick B et al. HTA de l'enfant et l'adolescent. Consensus d’Experts de la Société Française d’Hypertension Artérielle (SFHTA). Novembre 2020 (www.sfhta.eu)
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