DE NOTRE CORRESPONDANTE
« POUR LA PREMIÈRE fois, nous avons la preuve que des cellules souches neurales transplantées sont capables de produire de la nouvelle myéline chez des patients qui ont une maladie sévère de la myélinisation, souligne le Dr Nalin Gupta (Université de San Francisco). Nous avons constaté aussi des gains modestes dans la fonction neurologique. Même si ceux-ci ne peuvent pas être attribués nécessairement à l’intervention - puisque c’est un essai non contrôlé chez un petit nombre de patients - les résultats représentent un premier pas important plaidant fortement pour poursuivre l’évaluation de cette approche qui vise à traiter la pathologie fondamentale dans le cerveau de ces patients. »
Les cellules souches neurales humaines (HuCNS-SC), développées par la compagnie StemCells Inc., sont isolées à partir de fœtus, puis multipliées et mises en banques.
Oligodendrocytes.
Uchida et coll. ont transplanté ces cellules souches neurales dans le cerveau de souris shiverer (Shi), un modèle d’hypomyélinisation. Ces greffes ont été effectuées dans 3 régions du cerveau chez des souris Shi néonatales encore asymptomatiques, et chez des souris Shi juvéniles symptomatiques et présentant une démyélinisation avancée.
Dans les 2 groupes de souris, ces cellules allogéniques transplantées n’ont pas été rejetées et se sont différenciées préférentiellement en oligodendrocytes ; ceux-ci produisent de la myéline qui engaine les axones et améliore la conduction nerveuse.
Dans un essai de phase I ouvert, d’une durée d’un an, Gupta et coll. ont alors évalué l’efficacité de ces cellules chez 4 jeunes garçons (1 à 5 ans) ayant une forme précoce sévère de la maladie de Pelizaeus-Merzbacher. Dans cette rare leucodystrophie liée a l’X, les oligodendrocytes défectueux ne peuvent pas myéliniser les axones. Ces patients sont incapables de marcher ou de parler, ont souvent des troubles respiratoires, et présentent une détérioration neurologique progressive qui aboutit au décès entre 10 et 15 ans.
Chez ces enfants, les cellules souches neurales humaines (HuCNS-SC) ont été implantées par neurochirurgie dans la substance blanche du lobe frontal. Les enfants ont reçu un traitement immunosuppresseur dans les neuf mois suivants.
La procédure neurochirurgicale, la transplantation et l’immunosuppression ont été bien tolérées.
Prise de greffe et production de myéline.
Différents examens d’imagerie par résonance magnétique (IRM), effectués avant la transplantation et à 5 reprises dans l’année suivante, ont été utilisés afin d’évaluer la myélinisation.
Les résultats d’imagerie suggèrent la présence d’une myélinisation issue des cellules donneuses dans les régions transplantées chez 3 des 4 patients.
De plus, des améliorations modestes dans la fonction motrice ont été observées chez 3 garçons, et le 4e garçon est stable.
« Les résultats d’IRM suggèrent une prise de greffe durable et une myéline dérivée du donneur dans la région transplante de la substance blanche de l’hôte », concluent les chercheurs.
Tous ces patients continuerons d’être surveillés pendant encore quatre ans, dans une étude séparée de suivi à long-terme.
Ces résultats suggèrent donc que la greffe de cellules souches neurales pourrait avoir une potentiel clinique pour traiter la maladie de Pelizaeus-Merzbacher et d’autres affections démyélinisantes.
Gupta et coll., Science Translational Medicine, 10 octobre 2012, Uchida et coll.
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