À peine signée, déjà remise en cause ? Pour la Dr Brigitte Virey, cheffe de file du Syndicat national des pédiatres français (SNPF, libéraux), et première présidente d’Avenir-Spé Le Bloc (organisation signataire), l’attractivité de la nouvelle convention n’est pas au rendez-vous pour la pédiatrie de ville. Elle déplore le manque de reconnaissance du rôle du pédiatre libéral « qui reste invisible pour nos tutelles », comme l’ont aussi montré, selon elle, les récentes Assises de la pédiatrie et de l’enfant.
LE QUOTIDIEN : Vous dénoncez l’invisibilité de la pédiatrie de ville dans la feuille de route 2024-2030 issue des Assises de la pédiatrie. N’aviez-vous pas été associée aux travaux ?
DR BRIGITTE VIREY : Très peu en réalité. Il n’y avait aucun syndicat, nous n’étions pas les bienvenus. En revanche, j’ai été sollicitée par les co-pilotes, pour participer à des groupes de travail. Mais à l’arrivée, il n’y a rien sur la place du pédiatre libéral dans le parcours de soins de l’enfant en ambulatoire. En outre, compte-tenu du nombre important de mesures annoncées, il sera difficile de toutes les appliquer. Ce n’est pas un vrai plan de santé pour l’enfant, plutôt des mesures parcellaires, et je m’interroge toujours sur les moyens financiers alloués.
Frédéric Valletoux a évoqué une enveloppe de 300 millions d’euros…
Le ministre a surtout renvoyé la valorisation des actes de la pédiatrie libérale… à la nouvelle convention. Or, quand on voit les résultats du projet conventionnel, on peut quand même s’inquiéter ! Par exemple, Frédéric Valletoux a annoncé que la consultation à 6 ans serait à nouveau obligatoire. Son tarif est porté à 31,50 euros… Même cela, nous avons dû batailler pour l’obtenir puisque cette consultation était fixée à l’origine à 29,50 euros, moins que pour les généralistes qui peuvent coter 30 euros. Mais pour obtenir ce tarif de base de la consultation du pédiatre, la Cnam nous retire la majoration de coordination des spécialistes. Les pédiatres sont les seuls à ne pas avoir le droit de coter cette majoration de coordination. C’est assez méprisant.
Pourquoi, alors, avoir signé le texte conventionnel ?
À l’issue de notre conseil d’administration, les pédiatres ont fini par dire qu’ils étaient d’accord pour signer, parce que si cette convention ne passait pas, on restait avec un règlement arbitral pendant cinq ans. C’est un oui de dépit.
Votre spécialité se sent-elle défavorisée par rapport aux généralistes ?
On a bien vu que cette convention était globalement faite pour la médecine générale. MG France avait fait de la consultation de l’enfant, son cheval de bataille, en disant, « même acte, même tarif ». Ce qui, dans les faits, revient à nier notre expertise. On a refusé de valoriser davantage nos tarifs au-delà de deux ans parce que les médecins généralistes ne le voulaient pas, ou voulaient la même chose. Et il est évident que, financièrement, ce qu’on peut donner à 2 600 pédiatres libéraux, on ne peut pas le donner à 50 000 généralistes…
Quel serait, selon-vous, le juste prix de la consultation pédiatrique ?
Les examens obligatoires des enfants de moins de deux ans ont été revalorisées à 50 euros, ce qui est une bonne chose. Mais pourquoi celles des enfants de plus de deux ans en sont-elles écartées ? En réalité, plus les enfants grandissent, moins on les voit souvent et plus les consultations sont complexes.
N’y a-t-il rien à sauver dans les résultats des Assises de la pédiatrie ?
La volonté d’augmenter d’ici à 2030 le nombre de pédiatres en formation à 600 par an est une bonne mesure. La question est de savoir si cela sera suffisant. Parallèlement, les médecins généralistes doivent continuer à voir les enfants, mais il faut qu’ils soient suffisamment formés et malheureusement ils ne le sont pas. Le passage à 6 mois de formation en pédiatrie pour les internes en médecine générale n’est toujours pas vraiment tranché.
Propos recueillis par François Petty
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