L’HYPERTENSION ARTÉRIELLE (HTA) n’est pas une pathologie fréquente chez l’enfant. Il est néanmoins important de la dépister tôt, même si elle est modérée, afin de mettre en œuvre les mesures hygiéno-diététiques qui permettront, à terme, de réduire le risque cardio-vasculaire (1). Ainsi, la mesure de la pression artérielle devrait être réalisée annuellement à partir de l’âge de cinq ans voire moins. Pédiatres et généralistes devraient repérer les enfants à risque cardio-vasculaire, car nés dans une famille d’hypertendus, ayant un surpoids ou ayant un petit poids de naissance.
La mesure de la pression artérielle doit obéir à quelques règles simples. La première d’entre elles consiste à choisir un brassard adapté à la taille de l’enfant. Des brassards de quatre tailles différentes au moins pourraient ainsi être utilisés chez l’enfant à partir de l’âge de 1 an. La mesure doit être effectuée chez un enfant au repos, rassuré et détendu, éventuellement assis sur les genoux d’un parent.
L’HTA de l’enfant est définie de manière statistique et non par le calcul du risque cardio-vasculaire, comme chez l’adulte. Les normes établies aux États-Unis tiennent compte de l’âge, du sexe et de la taille de l’enfant dans leur version révisée en 2004 (2). Des normes françaises sont également disponibles (3). L’HTA est confirmée si la tension est supérieure de plus de 10 mmHg aux valeurs correspondant au 95e percentile. Elle est sévère entre 10 et 20 mmHg et immédiatement menaçante à plus de 30 mmHg. Si l’HTA de l’enfant est limite à 3 reprises, c’est-à-dire entre les 90e et 95e percentiles, une mesure ambulatoire s’impose. Elle permettra de confirmer ou non l’HTA.
Une hospitalisation s’impose si l’HTA est confirmée avant l’âge de 5 ans et dans tous les cas en cas d’HTA immédiatement menaçante pour éviter les complications neurologiques et cardiaques.
Le bilan étiologique.
L’HTA essentielle est d’autant plus rare que l’enfant est plus jeune. Le bilan étiologique doit donc être d’autant plus poussé que l’enfant est jeune. Il recherche une coarctation aortique chez le nouveau-né, une cause rénovasculaire chez l’enfant (sténose de l’artère rénale, néphropathie), enfin une HTA « endocrinologique » (dysthyroïdie, hypercorticisme, phéochromocytome).
En cas d’HTA confirmée, les premiers examens seront une bandelette urinaire, un dosage de la créatinine plasmatique et de la kaliémie, une échographie rénale et une échographie cardiaque. Un bilan plus complet sera réalisé en milieu spécialisé selon les cas.
D’après un entretien avec le Pr Rémi Salomon (Service de néphrologie pédiatrique, hôpital Necker- Enfants Malades, Paris)
(1) Lurbe E, et coll. Management of high blood pressure in children and adolescents: recommendations of the European Society of Hypertension. J Hypertens 2009 ; 27 (9) : 1719-42.
(2) National High Blood Pressure Education Program Working Group on High Blood Pressure in Children and Adolescents. The fourth report on the diagnosis, evaluation, and treatment of high blood pressure in children and adolescents. Pediatrics 2004 ; 114 (2 Suppl 4th Report) : 555-76 [disponible en ligne à l’adresse www.nhlbi.nih.gov/health/prof/heart/hbp/hbp_ped.pdf].
(3) André JL, et coll. La tension artérielle chez l’enfant et l’adolescent: valeurs rapportées à l’âge et à la taille chez 17 067 sujets. Arch Fr Pediatr 1980 ; 37 : 477-82.
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