« La protection maternelle et infantile (PMI) est née il y a 70 ans, avec comme objectif la lutte contre la mortalité infantile. C’est important de rappeler tous les progrès qui ont été obtenus dans ce domaine grâce aux services de PMI partout en France. Et, au moment où la mortalité infantile repart à la hausse [lire p. 38], il est important d’insister sur le rôle crucial que peut jouer la PMI pour améliorer la santé de l’enfant dans sa globalité », indique la Dr Nancy Grime, médecin de PMI (métropole de Lyon), membre du syndicat national des médecins de PMI.
Universalisme proportionné
Le premier atout des services de PMI est leur capacité à accueillir un public le plus large possible. « Il s’agit d’un service public, gratuit et ouvert à tous avec, c’est vrai, une attention portée aux populations les plus vulnérables. C’est ce qu’on appelle l’universalisme proportionné : tout le monde peut venir mais notre mission est aussi d’aller vers les publics en difficulté », indique la Dr Grime, en reconnaissant que, de ce fait, l’image de la PMI est un peu brouillée au sein de la population, certains ayant tendance à penser que celle-ci est exclusivement réservée aux personnes démunies. « Cela dépend aussi des endroits où on exerce. Dans ma carrière, j’ai travaillé dans des zones rurales et on recevait un public assez large », raconte la spécialiste.
Les missions de la PMI sont assez étendues. « On assure bien sûr le suivi préventif des enfants de 0 à 6 ans mais aussi celui des femmes enceintes. Cela comprend l’accompagnement à la parentalité auprès de toutes les familles, pas seulement celles considérées en difficulté sociale, souligne la Dr Grime. La PMI mène enfin des activités dans le champ de la santé sexuelle notamment auprès des adolescents : contraception, vie affective, accompagnement pour l’IVG, prévention et traitement des infections sexuellement transmissibles. »
Mais la place de ces structures n’est pas toujours assez valorisée. « Par exemple, dans un récent rapport, la Cour des comptes parle des examens obligatoires à faire chez les jeunes enfants par les médecins traitants, sans un mot pour les médecins de PMI, dont c’est le cœur de métier ! », s’insurge la Dr Grime.
Multiples missions
Aujourd’hui, les services de PMI sont en première ligne pour mesurer l’aggravation des inégalités sociales de santé en France. « Dans certains quartiers, on constate que l’accès aux soins devient de plus en compliqué : isolement, perte d’emplois, logement surpeuplé… Et l’épidémie de Covid n’a pas arrangé les choses. Une autre fracture est celle du numérique. L’accès aux soins s’est de plus en plus informatisé, ce qui est un handicap de taille pour les personnes n’ayant pas les moyens ou les compétences d’utiliser un ordinateur », indique la Dr Grime.
Selon elle, il est urgent de redonner des moyens aux services de PMI et de revaloriser les conditions d’exercice des équipes et des médecins qui y travaillent. Cela passe par une véritable politique en ce sens, entre l’État, les départements et l’Assurance-maladie, s’appuyant sur des financements pérennes. « Ces dernières années, on a enregistré une perte de 100 millions d’euros dans le budget de la PMI. Il faudrait récupérer cette somme et obtenir au moins 100 millions supplémentaires pour fonctionner correctement. Quant aux médecins de PMI, ils démarrent avec une rémunération de 2 769 euros bruts, contre 4 411 euros pour un PH. Il est important de rendre la PMI plus attractive pour les médecins. Car, sinon, on va continuer à voir diminuer nos effectifs. En quelques années, on est passé de 2 200 à 1 700 équivalents temps plein. »
Exergue : « Nous assurons l’accompagnement à la parentalité auprès de toutes les familles, pas seulement celles considérées en difficulté sociale »
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