Alors que la France est confrontée à une recrudescence des infections invasives à méningocoques, la Haute Autorité de santé (HAS), à la demande du ministère de la Santé, réactualise ce 27 mars ses recommandations relatives à la stratégie de vaccination. L’objectif : protéger l’ensemble de la population et plus particulièrement les nourrissons, les adolescents et les jeunes adultes.
Les infections invasives à méningocoques (IIM) sont des infections transmissibles graves (méningites, septicémies), dont l’issue peut être rapidement fatale, dans un cas sur dix. Bien que peu fréquentes, elles touchent principalement les nourrissons de moins d’un an et les enfants de moins de 5 ans, ainsi que les adolescents et jeunes adultes de 11 à 24 ans. Les sérogroupes A, B, C, W et Y - sur les 12 identifiés à ce jour, sont à l’origine de la quasi-totalité des cas en France.
Après une inflexion lors du Covid-19, leur nombre a augmenté de 72 % entre 2022 et 2023, pour s’élever à 560, chiffre bien supérieur aux niveaux pré-pandémiques, selon les dernières données de Santé publique France publiées en parallèle ce 27 mars. Si le sérogroupe B reste majoritaire (44 % de tous les cas en 2023), les sérogroupes W et Y ont beaucoup progressé (respectivement, x 2,5 et x1,7 par rapport à 2022) notamment chez les nourrissons et les jeunes. Les souches de sérogroupe W sont très virulentes et entraînent une mortalité deux fois plus élevée que les sérogroupes B et Y (19 % versus 7 % pour les IIM B et 8 % pour les IIM Y).
Nimenrix et Bexsero
En ce qui concerne la vaccination contre les sérogroupes A, C, W et Y, la HAS préconise de la rendre obligatoire chez tous les nourrissons de moins d’un an avec le vaccin Nimenrix. Le schéma vaccinal comprend deux doses, la première à 6 mois, et le rappel à 12 mois. Ceci remplacerait la vaccination obligatoire en vigueur qui ne cible que le seul sérogroupe C, à partir de 5 mois.
Pour les adolescents, la HAS recommande la vaccination selon un schéma à une dose administrée entre 11 et 14 ans et ce, qu’ils aient déjà été vaccinés ou non, ainsi qu’un rattrapage vaccinal chez les 15-24 ans, avec les vaccins Nimenrix, Menquadfi et Menveo. Aujourd’hui, seule la vaccination contre les méningocoques C est recommandée jusqu'à 24 ans, mais uniquement si elle n'a pas eu lieu quand le patient était bébé.
La HAS a notamment pris en compte l’augmentation des sérogroupes Y et W dans ces populations en 2022 et 2023 (ils représentaient alors 41 % des cas chez les moins de 5 ans versus 30 % en 2022), et la létalité plus marquée du sérogroupe W. D’autres éléments ont été évalués, notamment la disponibilité de vaccins tétravalents efficaces, la durée de la persistance d’une réponse immunitaire après la primovaccination, et les données de sécurité et de tolérance.
Concernant le sérogroupe B, la HAS préconise de rendre obligatoire la vaccination chez les nourrissons de moins d’un an, alors qu’elle est seulement recommandée depuis 2021. En effet, le sérogroupe B est majoritaire parmi les cas de méningite à méningocoque chez les jeunes enfants (à l’origine de 60 % des cas chez les moins de 5 ans en 2023), et la couverture vaccinale n’était que de 48,8 % en 2022. Le Bexsero est le seul vaccin à pouvoir être administré dès 2 mois (contre 10 ans pour le Trumenba), selon un schéma à trois doses (3 mois, 5 mois, et 12 mois).
En revanche, la HAS ne recommande pas d’élargir cette vaccination à tous les adolescents et jeunes adultes. L‘incidence des infections invasives à méningocoques B est en effet plus faible chez les 11-24 ans que chez les nourrissons. En outre, le vaccin ne confère pas de protection indirecte aux populations non vaccinées.
En février, le collectif de médecins, chercheurs et patients « MéninGo ! » appelait dans une lettre ouverte adressée à Emmanuel Macron à une révision de la stratégie vaccinale « en urgence » avant le démarrage des Jeux olympiques. Et de souligner l’importance de cette « priorité de santé publique », alors que l’augmentation des cas pourrait « s’amplifier dans les mois à venir lors des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, les grands rassemblements étant propices aux contaminations de manière générale et à la propagation des IIM en particulier. »
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