L’étude a été menée chez 332 137 femmes suédoises issues d’un registre national dont 874 avaient eu au moins deux diagnostics confirmés de troubles bipolaires : 320 étaient traitées par lithium, antipsychotique ou anticonvulsivant et 554 ne l’étaient pas. Ces deux groupes ont été comparés aux autres femmes qui ont donné naissance sur une période d’étude de 4 ans, entre juillet 2005 et décembre 2009, concernant les caractéristiques de l’accouchement et les paramètres biométriques des enfants.
Les troubles bipolaires sont à la fois chroniques et épisodiques et requièrent souvent un traitement stabilisant l’humeur pour éviter les rechutes et les passages à l’acte. Les effets sur la grossesse des molécules qui sont préconisées, lithium, anticonvulsivants et antipsychotiques restent néanmoins peu connus. Les antipsychotiques sont associés à des malformations congénitales, à une prématurité et un développement fœtal anormal augmenté ; le lithium, le valproate et la cabarmazepine sont également associés à des malformations congénitales. Certains auteurs ont suggéré que le lithium est le traitement de première intention durant la grossesse alors que d’autres recommandent de l’éviter. Au total, rien n’est absolument formel, et les auteurs ont conduit cet essai afin de départager les effets liés au traitement des conséquences de la maladie elle-même.
Les résultats montrent que les femmes bipolaires traitées ou non ont une augmentation des accouchements par césarienne (30,9 % pour les femmes non traitées, 37,5 % pour les femmes traitées et 20, 7 % chez les femmes non bipolaires), et des accouchements au forceps, ainsi que des accouchements nécessitant un déclenchement.
Dans les deux groupes, les auteurs observent également un risque augmenté de 50 % de prématurité : 26/320 soit 8,1 % chez les femmes traitées, 42/554 soit 7,6 % chez les femmes non traitées, 15 785/331 263 soit 4,8 % pour les femmes non bipolaires.
Le risque d’avoir un enfant de petite taille, de petit poids ou microcéphalele ou préentant une hypoglycémie néonatale était également significativement augmenté chez les femmes bipolaires non traitées.
Les principales limites de ce travail sont la prise de drogues, d’alcool, de tabac et l’indice de masse corporelle qui sont de très grands facteurs confondants. Les raisons pour lesquelles les femmes ont été traitées pouvaient aussi être liées à une plus grande sévérité de la maladie ou à l’association de plus de comorbidités ou d’un mauvais style de vie, déstabilisant par eux-mêmes la grossesse. Finalement, selon les auteurs, entre augmenter les épisodes d’instabilité ou les risques de malformations fœtales et de complications périnatales, le choix thérapeutique n’est pas si clair.
BMJ 2012 ; 345/e7085 doi :10. 1136, publié le 8 novembre
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