EN FRANCE, à 6 semaines, 15 % seulement des bébés sont nourris uniquement au sein, alors que dans les pays scandinaves, à 6 mois, 80 % des nourrissons sont encore allaités de façon exclusive. Or, les bienfaits de l’allaitement maternel sont nombreux et confirmés par des études et méta-analyses récentes, relève l’Académie de médecine dans un rapport sur l’alimentation du nouveau-né et du nourrisson.
Le lait maternel, par sa richesse en protéines, lipides et minéraux, peut couvrir seul, jusqu’à 6 mois, les besoins nutritionnels quotidiens, assurer une croissance et un développement cérébral normaux, une minéralisation osseuse adéquate, note le rapport, rédigé par un groupe de travail qui a auditionné des experts en nutrition infantile et des chercheurs de l’industrie laitière. En outre, il favorise une meilleure maturation sensorielle et il protège des infections digestives ou respiratoires, ainsi que des manifestations allergiques, sous réserve qu’il soit prolongé au moins 4 mois, et idéalement 6 mois. Plus encore, il contribue à la prévention de l’obésité et du diabète de type I dans l’enfance et des maladies cardio-vasculaires à l’âge adulte (rôle du cholestérol, élevé dans le lait de femme).
L’allaitement est aussi bénéfique pour la mère : suites de couche facilitées, perte de poids et diminution de la masse graisseuse plus rapides dans les six premiers mois du post-partum, diminution du risque de cancer du sein et de l’ovaire. Sans oublier, bien sûr, les avantages psycho-affectifs. L’allaitement favorise l’harmonie de la relation mère-nourrisson et, estime l’Académie, pourrait prévenir de la maltraitance.
Allonger le congé postnatal.
Pour ne pas priver mères, enfants et santé publique de tous ces bénéfices, il faut donc tout faire pour développer l’allaitement maternel en France. L’Académie suggère aux pouvoirs publics une politique plus active d’incitation, depuis l’école et jusqu’à la grossesse. Elle souhaite que le congé postnatal soit prolongé au moins jusqu’à 4 mois et à 6 mois, comme en Suède, si la mère allaite complètement et en fait la demande. Des campagnes d’information pourraient être organisées dans les lycées et une visite de lactarium serait bienvenue.
Pour faire passer le message, l’Académie de médecine mise aussi sur les personnels de santé. Une formation des sages-femmes et des puéricultrices, ainsi que des pédiatres de maternité, est recommandée et la création d’un référent en allaitement, pour motiver les équipes paramédicales et uniformiser le discours envers la mère est suggérée. Et une coopération avec la PMI permettrait un suivi de l’aide à l’allaitement.
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