LA QUININE remisée au placard ? Alors que l’OMS s’est déjà prononcée en faveur de l’artésunate en première intention chez les adultes dans les accès palustres graves en 2006, une revue récente de la Cochrane Library confirme la supériorité de la molécule sur la quinine en étendant ces recommandations aux enfants. L’équipe du Dr David Sinclair a inclus aux données existantes celles d’un vaste essai mené chez des enfants africains, publié en 2010 dans le « Lancet ».
L’artésunate, ce dérivé d’herbes chinoises diminue la mortalité de 39 % chez les adultes et de 24 % chez les enfants par rapport à la quinine. Si davantage d’effets secondaires neurologiques sont rapportés dans la population pédiatrique traitée par artésunate, la plupart disparaissent 28 jours après le traitement. Aucune différence avec le groupe quinine n’a été observée au cours du suivi. « L’artésunate I.V. est le traitement de choix chez les adultes comme chez les enfants de l’accès palustre sévère n’importe où dans le monde », a déclaré Peter Olumese chargé du plan mondial contre le paludisme à l’OMS.
Dans sa revue de la littérature, l’équipe de médecine tropicale de Liverpool a sélectionné les essais randomisés contrôlés comparant l’artésunate I.V., I.M. ou rectale à la quinine I.V. ou I.M. pour traiter un accès palustre sévère chez des adultes et enfants dans l’incapacité de prendre des médicaments par voie orale. Les 8 essais sélectionnés ont inclus 1 664 adultes et 5 765 enfants. Six avaient eu lieu en Asie, dont 4 au Vietnam, 1 en Thaïlande et un autre multicentrique (Bangladesh, Myanmar, Inde, Indonésie). Pour les deux menés en Afrique, l’un avait lieu au Soudan et le second dans 9 pays d’Afrique centrale et de l’Ouest.
Par rapport à la quinine, l’artésunate permet de sauver 94 vies supplémentaires pour 1 000 adultes traités et 26 pour 1000 enfants traités. Le nombre de décès passe ainsi de 241 à 147 pour 1000 adultes, et de 108 à 83 pour 1000 enfants. L’efficacité de l’artésunate tient à la rapidité d’obtention du pic sanguin, mais aussi à une activité sur les formes jeunes parasitaires. Un accès palustre sévère est défini comme tel par une défaillance d’organe, la forme cérébrale étant la plus redoutée puisque la mortalité peut aller jusqu’à 20 %, même avec un traitement adapté.
Cochrane Database of Systematic Reviews 2011, CD005967. DOI:10.1002/14651858.CD005967.pub3
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