LE QUOTIDIEN : Quand doit-on suspecter une allergie aux protéines de lait de vache ?
Pr CHRISTOPHE DUPONT : L’allergie aux protéines de lait de vache (APLV) est mal diagnostiquée alors qu’elle n’est pas rare. Elle se présente le plus souvent sous la forme de symptômes d’une grande banalité qui peuvent chacun être rattachés à une autre étiologie. Des antécédents familiaux d’allergie, des symptômes persistants d’eczéma atopique ou des troubles gastro-intestinaux qui ne répondent pas à la prise en charge habituelle doivent pourtant y faire penser.
Malheureusement, l’allergie est le parent pauvre des études médicales, et l’allergie non IgE médiée, qui domine chez le petit nourrisson, est encore plus mal connue que l’allergie classique.
Quelle formule de substitution faut-il choisir ?
L’élimination des protéines du lait de vache fait partie de la première étape du diagnostic d’APLV. Une amélioration significative des indices anthropométriques est espérée dès le premier mois, avec un rattrapage en six mois.
En première intention, on donne un hydrolysat de protéines de lait de vache. Les formules à base de protéines de riz partiellement hydrolysées (davantage pour améliorer leur conservation que pour en atténuer l’allergénicité) conviennent également. Elles sont moins chères, mais ne sont pas remboursées.
Enfin, les formules d’acides aminés, presque totalement anallergéniques – mais pas complètement – sont à utiliser quand l’enfant est aussi allergique aux hydrolysats.
Quant aux formules à base d’isolat de protéines de soja (Gallia Soja), elles ne devraient pas être utilisées avant l’âge de 6 mois, car elles contiennent des phytates qui peuvent affecter l’absorption de nutriments et des isoflavonoïdes qui sont de potentiels perturbateurs endocriniens.
Quand peut-on réintroduire les protéines de lait de vache ?
La durée minimale du régime d’éviction dépend de la forme de l’APLV : pour les formes non IgE médiées, la réintroduction peut se faire quand l’enfant grandit, autour de 9 à 12 mois. La durée probable de la maladie est effectivement assez courte, avec une guérison autour de l’âge de 1 an, et la normalisation du régime dès que possible est la règle.
Pour les formes IgE médiées en revanche, c’est la surveillance des tests cutanés au lait de vache et le dosage répété des IgE spécifiques qui permettent de suivre la guérison progressive et la possibilité de réintroduire le lait de vache. Cela peut durer deux, trois ans, voire davantage.
Si la maladie dure, il faut tester la tolérance aux formes cuites (au four) de lait, tolérées par les deux tiers des enfants allergiques au lait de vache cru. Quant à l’amélioration supposée de la tolérance aux protéines de lait de vache par la fermentation, elle n’a pas fait l’objet d’études scientifiques.
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