L’OBJECTIF de l’équipe de médecins de l’université de Washington n’était pas de montrer l’implication d’une infection in utero par un cytomégalovirus (CMV) dans les surdités de l’enfant. Cette responsabilité est bien connue en ORL pédiatrique, elle est considérée comme l’une des causes les plus fréquentes (depuis la prévention vaccinale des rougeole et rubéole). Leur travail avait une double mission. La première était de montrer qu’il est possible d’utiliser les prélèvements sanguins faits au talon et archivés puis de les soumettre à des tests PCR pour identifier la présence du virus. La seconde était d’évaluer la fréquence de ce type de surdité dans la région de Washington, dont les conditions socio-économiques et ethniques diffèrent de celles d’autres régions des États-Unis.
Pour mieux apprécier la portée de l’étude, il faut savoir que le diagnostic d’infection congénitale par le CMV doit être réalisé avant l’âge de 4 semaines, pour proposer un traitement antiviral et donc éliminer le risque de surdité (l’infection post-natale n’entraîne pas de perte de l’audition). Quand un bébé est adressé en ORL pour une suspicion de surdité, la période de positivité des tests CMV est en général révolue. Sans négliger le fait que la perte auditive peut se déclarer au bout de quelques années. Le diagnostic précoce constitue donc un défi pour les médecins qui disposent de nouvelles armes puisqu’il est désormais possible de rechercher le virus sur des prélèvements conservés et même d’estimer la charge virale.
Positif chez 9,9 % des participants.
L’étude a été menée auprès d’enfants de 4 ans et plus atteints de surdité. Un test PCR de recherche d’infection congénitale par un CMV a été réalisé chez 222 enfants et autant de témoins. Il est revenu positif chez 9,9 % des participants et 1,4 % des témoins (odds ratio 10,5). Les auteurs estiment que 8,9 % des enfants sourds de la région de Washington le sont en raison d’une infection par un CMV, avec une prévalence globale du virus de 1,4 %.
L’enquête a été complétée par l’inclusion de 132 autres enfants atteints, portant le total à 354 cas. Il est alors apparu que l’infection entraîne une surdité plus sévère et un taux plus élevé de pertes d’audition progressives et unilatérales par rapport à des témoins. Dans l’ensemble les pertes auditives sont d’ailleurs unilatérales.
Sur les 35 enfants atteints de surdité due à un CMV, les auteurs ne constatent pas de relation entre la charge virale et la gravité de la perte auditive ou la présence d’une symptomatologie néonatale. Ils n’excluent pas, en revanche, que le moment de survenue de ce pic ou la durée de l’élimination du virus jouent un dans la survenue de la surdité. Il faut y ajouter un doute quand à l’acuité du dosage sur des prélèvements parfois stockés depuis plusieurs années.
Arch Otolaryngolo Head Neck Surg, vol 137, n°1, pp. 47-53.
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