COMMENT protéger du risque infectieux le groupe vulnérable des bébés exposés mais non infectés par le VIH ? Une étude sud-africaine fait avancer la réflexion en mettant en évidence la singularité de leur statut immunitaire par rapport aux enfants non exposés, à la naissance et après vaccination. Sous la houlette du Dr Christine Jones de l’Imperial College of London, des pédiatres de Cap Town ont montré que ces enfants sont plus vulnérables aux infections à la naissance en raison de taux sériques plus faibles en Ac maternels protecteurs. En revanche, après les vaccinations de routine, leur réponse immunitaire est plus forte que les autres bébés, leur conférant a priori une meilleure protection. Ces données relancent ainsi la réflexion sur la prévention oscillant entre deux stratégies différentes : vaccination pendant la grossesse ou vaccination néonatale.
Un statut immunitaire singulier.
Le développement des antirétroviraux a permis de diminuer la transmission du VIH de la mère au fœtus. Alors que le nombre des bébés exposés au VIH mais non infectés va croissant, il s’avère malheureusement que ces enfants constituent un groupe plus sensible aux infections. Les méningites et les infections respiratoires basses sont plus fréquentes. Dans la première année de vie, la mortalité est près de quatre fois supérieure à celle des nourrissons non exposés. Si d’autres facteurs rentrent en ligne de compte, essentiellement socio-économiques, il n’en reste pas moins que le phénomène immunologique joue un rôle prépondérant. Il y avait toutes les chances pour que des perturbations du système immunitaire expliquent la morbi-mortalité chez ces enfants.
Pour l’étude dont il est ici question, les chercheurs ont recruté une cohorte de femmes et leurs nouveau-nés résidant à Kayelitsha, une ville en pleine expansion située dans une province occidentale de l’Afrique du Sud. Entre mars 2009 et avril 2010, 109 femmes séropositives et séronégatives ont été incluses. Des prélèvements sériques ont été réalisés chez 104 femmes et 100 nouveau-nés à la naissance et chez 93 nourrissons ensuite à 16 semaines.
Pendant la grossesse ou à la naissance ?
À la naissance, les bébés exposés au VIH présentaient des taux significativement plus faibles en Ac maternels dirigés contre l’Hæmophilus, la coqueluche, le pneumocoque et le tétanos. Les chercheurs ont d’ailleurs observé que les mères infectées par le VIH présentaient des taux plus faibles d’Ac sériques contre l’Hæmophilus et le pneumocoque que les mères non infectées mais, curieusement, aucune différence n’a été notée pour les taux d’Ac anti-coqueluche et anti-tétaniques. Les enfants exposés au VIH ont une réponse à la vaccination plus forte que les enfants non exposés, avec des taux d’Ac anti-coqueluche et anti-pneumococciques multipliés par trois.
Les mécanismes par lesquels les Ac maternels inhibent la réponse immunitaire des nourrissons à la vaccination ne sont pas encore élucidés. Une explication plausible consiste à penser que les Ac maternels cacheraient des épitopes antigéniques vaccinaux normalement présentés aux lymphocytes B de l’enfant. Il faut pousser plus loin l’évaluation des effets de la vaccination en cours de grossesse avant de pouvoir en faire la promotion. En effet, si une telle stratégie pouvait faire baisser la mortalité maternelle et néonatale, il est possible que l’immunisation en cours de grossesse perturbe la réponse des nourrissons à la vaccination. Une alternative envisageable est représentée par la vaccination néonatale, dont le calendrier doit être soigneusement étudié.
JAMA. 2011;305(6):576-584.
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