« C'est le morceau de sucre qui aide la médecine à couler ! » le Pr Hervé Dupont n'a, à première vue, pas grand-chose en commun avec Marie Popin's, si ce n'est qu'il applique à la perfection l'adage de l'héroïne de Disney.
En 2008, constatant que 50 à 60 % des enfants recrachent leur midazolam, ce chef du pôle d’anesthésie-réanimation du Centre hospitalier universitaire (CHU) d’Amiens Picardie se tourne vers la pharmacie hospitalière pour mettre au point une nouvelle formulation qui soit bien acceptée par les enfants. « Avec nos pharmaciens, on leur a demandé de cacher ce goût amer, explique le Pr Dupont. Ils ont travaillé sur une nouvelle formulation du midazolam doté d'une cyclodextrine », une sorte de sucre en forme de capsule qui entoure le midazolam. Depuis 2008, c'est plus de 12 000 enfants qui ont bénéficié de ce nouvel anesthésiant.
Pour diffuser cette forme pédiatrique du midalozam, des essais cliniques doivent être montés. Le Pr Dupont et son équipe ont donc recruté 37 enfants ayant besoin d'une sédation en vue d'une anesthésie générale. L'ADV6209 a été administré à une dose de 0,27 mg/kg. « Nous avons fait une étude de pharmacocinétique pour comparer l'efficacité à celle du produit princeps, poursuit le Pr Dupont. Les niveaux de sédation sont corrects dans 78,4 % des cas et 94 % des enfants qui acceptent de boire le produit. »
Des objectifs au-delà de la sédation simple
Les taux de sédation ainsi obtenus ne sont pas significativement différents de ceux observés dans une méta analyse menée par les auteurs sur la forme classique de midazolam à des doses comprises entre 0,25 mg/kg et 1,5 mg/kg. Aucun effet secondaire n'a été relevé parmi les participants de l'étude.
Le médicament sera appelé Ozalide une fois enregistrée auprès des autorités sanitaires. « Nous avons fait les premières phases de développement en interne avec l'aide du laboratoire nîmois Advicenne qui nous a aidés à faire des tentatives d'enregistrement dans plusieurs pays », précise le Pr Dupont. Le produit a ensuite été racheté par Primex qui a désormais l'ambition de lancer le médicament au niveau mondial. « Ils ne veulent pas seulement utiliser l'ADV6209 en anesthésie mais aussi en sédation simple en vue de faire passer un IRM ou un scanner, explique le Pr Dupont. Ils veulent aussi développer ça en dentisterie. »
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