Ainsi, les nourrissons exposés précocement avant l'âge de 1 an au lait de vache, aux œufs et/ou à l'arachide ont un moindre risque d'être sensibilisé à l'âge de 1 an à l'allergène alimentaire correspondant, d'après les résultats de l'étude observationnelle canadienne CHILD (Canadian Healthy Infant Longitudinal Development Study) conduite en population générale.
Allergènes et enfant sain
Cette étude longitudinale est caractérisée par de multiples évaluations d'une cohorte d'enfants et de leurs parents avant et jusqu'à 4 ans après la naissance, afin d'identifier les influences des gènes et de l'environnement sur le développement de l'enfant a priori sain, et non pas seulement dans un groupe à risque.
Les auteurs ont ainsi analysé les questionnaires alimentaires des bébés recueillis aux âges de 3 mois, 6 mois, puis 1 an, 18 mois, et 2 ans ; et ils ont examiné les résultats des tests cutanés (« prick test ») réalisés à l'âge de 1 an à la recherche d'une sensibilisation au lait de vache, à l'œuf et/ou à l'arachide.
Si les produits laitiers ont été introduits plutôt précocement (0-6 mois pour 48 %, 7-12 mois pour 48 autres %, après 12 mois pour 4 %), l'œuf l'a été plus tardivement (0-6 mois pour 6 %, 7-12 mois pour 76 %, et après 12 mois pour 19 %). L'arachide l'étant encore plus tardivement : entre 0 et 6 mois pour 1 %, 7 à 12 mois pour 41 %, et après 12 mois pour 58 % des enfants.
Pour ce qui est des données de sensibilisation, à l'âge de 1 an, 10 % des enfants sont effectivement sensibilisés à l'un des 3 aliments allergéniques, la plus grande prévalence de sensibilisation étant pour le blanc d'œuf (6 %). L'introduction précoce de l'un des trois aliments protège contre la sensibilisation à l'allergène alimentaire correspondant. En outre, l'introduction de l'œuf avant l'âge de 1 an protège contre la sensibilisation aux trois allergènes alimentaires testés, ceci après ajustement pour l'atopie des parents et leur ethnicité.
Enfin, l'allaitement strict jusqu'à 6 mois augmente le risque de sensibilisation au lait de vache, mais pas le risque de sensibilisation à l'œuf ou à l'arachide.
Cacahuète et atopie
CHILD conforte les résultats d'essais contrôlés randomisés comme LEAP (Learning Early About Peanut Allergy) en février 2015 : la consommation régulière de cacahuètes chez des enfants atopiques à risque élevé de développer l'allergie (ayant une dermatite atopique grave et/ou déjà sensibilisés à l'œuf avec des IgE positives), à partir de l'âge de 11 mois et jusqu'à 5 ans, se traduisait par une diminution du risque d'allergie de 80 % par rapport à l'éviction totale et ce, sans davantage d'effets indésirables graves. La question de la durée de cette consommation préventive de l'allergie est résolue par l'étude LEAP-On qui confirme la persistance de la tolérance orale à la cacahuète, quand celle-ci est réintroduite après une fenêtre d'un an, soit à l'âge de 6 ans. Les enfants du groupe « cacahuète » continuent à présenter moins d'allergies (4,8 %) que ceux du groupe éviction totale (18,6 %), soit une diminution de 74 % du risque d'allergie. Reste à répondre aux questions de la régularité de la consommation, sa durée, des différences de stratégie selon que l'enfant est sensibilisé ou non, de l'âge optimal d'introduction, des extrapolations éventuelles à d'autres allergènes alimentaires, etc. Chez les enfants atopiques à risque (dermatite atopique et/ou allergie à l'œuf), une consultation allergologique est indispensable pour écarter la possibilité d'une allergie avant d'introduire la cacahuète.
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