RETOUR dans le passé, en 1921 précisément : cette année-là, le Dr R. Wilder propose dans l’épilepsie réfractaire de l’enfant un régime riche en lipides : trois fois plus que de protéines et quatre fois plus que de glucides. Régime qui reproduit l’effet physiologique de la faim, produit une quantité importante de corps cétoniques. Comment les corps cétoniques ont-ils un effet anti-épileptique ? Mystère. On n’avait pas la moindre piste physiopathologique. Et, dans la deuxième moitié du XXe siècle, le formidable essor des médicaments anti-épileptiques a contribué à faire passer le régime cétonique pour une exception. N’empêche que les cas d’épilepsie réfractaire existent toujours. Et qu’il était donc à l’ordre du jour de conduire une étude scientifique sur ce régime cétonique. C’est ce qui a été fait par l’équipe du Dr Elizabeth Neal (Londres), dont les travaux ont été publiés en mai 2008 dans « The Lancet Neurology » (« le Quotidien » du 6 mai 2008). C’est ainsi que, près de 90 ans après la publication de Wilder, l’efficacité du régime cétonique a été confirmée par une étude scientifique. Étude qui a porté sur 145 enfants souffrant d’épilepsie réfractaire ; ceux du groupe régime étant divisés en deux sous-groupes : régime standard et régime privilégiant les triglycérides à chaîne moyenne. À l’issue des trois mois de l’étude, près de 40 % des enfants du groupe régime (sans différence entre les deux sous-groupes) ont présenté une baisse de 50 % du nombre de crises (6 % dans le groupe témoin).
Les effets secondaires les plus fréquemment rapportés par la famille étaient de type digestif : constipation, vomissements, sensation de faim. Les constatations antérieures avaient suggéré que le régime cétogénique peut aussi augmenter temporairement le cholestérol, perturber la croissance, et, dans de rares cas, induire des lithiases urinaires.
C’est dans ce contexte que se situe la nouvelle étude publiée dans « Epilepsia » de février 2010. Elle a porté sur 101 patients âgés de 2 à 26 ans, traités par régime cétogénique pendant de seize mois à huit ans au Johns Hopkins Children’s Center entre 2003 et 2008. Au moment de l’étude, les patients n’avaient plus de régime depuis 8 mois à 14 ans. Près de 80 % étaient très améliorés (soit disparition des crises, soit réduction de moitié). En tout cas, chez la plupart, les crises ne se sont pas aggravées après l’arrêt du régime. En ce qui concerne les effets secondaires, les constatations ont été les suivantes :
- aucun des patients n’a rapporté la survenue de problème cardiaque ou artériel ;
- 1 seul sujet a rapporté une lithiase urinaire après avoir arrêté le régime (fréquence identique à celle de la population générale) ;
- pas d’anomalie des fonctions hépatiques ou rénales chez 25 sujets testés ;
- chez 26 sujets testés, le taux moyen de cholestérol était à 1,57 g/l ; 3 avaient un taux anormal sous régime, avec normalisation ultérieure ;
- les plus de 18 ans avaient un IMC en moyenne à 22 ; les sujets de 18 ans ou moins étaient situés en moyenne dans le 25e percentile pour la taille et le 36e percentile pour le poids ; c’est sous la moyenne pour l’âge mais moins que pendant la période de régime (entre le 5e et le 10e percentile).
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