Environ 50 millions de personnes dans le monde souffrent d'épilepsie, avec des crises non contrôlées par un traitement dans 30 % des cas.
Plusieurs études randomisées ont montré l'efficacité du traitement chirurgical chez l'adulte, mais son intérêt chez l'enfant n'est pas totalement établi. Les médecins des services de neurologie, de neurochirurgie et de pédiatrie de l'institut indien des sciences médicales de New Delhi viennent apporter quelques éléments de preuve, dans un article publié dans « New England Journal of Medicine ».
Au cours de cette étude, 116 patients de moins de 18 ans ont été recrutés : 57 d'entre eux ont été opérés et 59 autres bénéficiant d'un traitement médicamenteux, ont vu leur opération retarder de 12 mois. Au bout d'un an, 77 % des jeunes patients opérés n'avaient plus de crises d'épilepsie, contre 7 % de ceux sous traitement médical.
Les auteurs ont utilisé un score de sévérité des crises d'épilepsie : le score de Hague, sur une échelle de 13 à 54. Ils ont observé une différence moyenne de 19,4 points en faveur des patients traités chirurgicalement. Ces derniers présentaient aussi de meilleurs scores de qualité de vie et de maturité sociale. Les auteurs précisent toutefois qu'un tiers des patients opérés ont souffert d'effets secondaires importants, en majorité des hémiparésies (26 %).
Le type d'intervention dépend de la région impliquée dans l'épilepsie réfractaire : résection d'une partie du lobe temporal, excision d'une lésion focale, dissection du corps calleux ou encore déconnexion d'une partie du cortex. Les auteurs ont constaté que la totalité des patients ayant bénéficié d'une lobectomie temporale ou d'une résection d'un hamartome hypothalamique n'avait connu aucune crise au cours de l'année écoulée. C'était le cas de 87 % de ceux qui avaient subi une hémisphérectomie et de 92 % de ceux qui ont subi une résection extra-temporale.
Sclérose de l'hippocampe et dysplasie corticale
Dans le même numéro du « New England », des chercheurs européens regroupés sous la bannière de la banque européenne du cerveau épileptique ont publié une vaste enquête dans laquelle ils identifient les deux origines histopathologiques majeures à l'origine de l'épilepsie résistante : la sclérose de l'hippocampe chez l'adulte et la dysplasie corticale chez l'enfant.
Les auteurs ont basé leur travail sur l'analyse de prélèvements réalisés chez 9 523 patients atteints d'épilepsie résistante aux traitements médicamenteux opérés dans 36 centres répartis dans 12 pays européens sur une période de 25 ans. Dans 75,9 % des cas, la première crise d'épilepsie est survenue avant l'âge adulte, l'opération étant programmée dans une grande majorité des cas (72,5 %) après 18 ans : il s'est écoulé en moyenne 20 ans entre les premiers symptômes et l'opération chez l'adulte.
Le lobe temporal est impliqué dans 71,9 %. L'épilepsie résistante des adultes était principalement causée par une sclérose hippocampique (36,4 % des cas et 88,7 % des adultes). Chez l'enfant, une dysplasie corticale focale (une anomalie du développement) était le plus souvent impliquée (19,8 % des cas, et 52,7 % des enfants). Une autre cause majeure d'épilepsie résistante est la présence d'une tumeur (23,6 % des cas) et principalement un gangliogliome ou une tumeur dysembryoplasique neuroépithéliale.
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