Les antidépresseurs n'améliorent pas l'état des enfants et les adolescents traités pour dépression majeure, selon une vaste métaanalyse internationale publiée dans « The Lancet ». Quatorze antidépresseurs y ont été passés au crible à travers 34 essais totalisant plus de 5 000 enfants et adolescents âgés de 9 à 18 ans.
Seule la fluoxétine s'est révélée plus efficace sur les symptômes dépressifs que le placebo, - la seule molécule ayant l'AMM dans cette situation -, tandis que la nortryptiline était la moins efficace. L'imipramine, la venlafaxine et la duloxétine présentaient le plus mauvais profil de tolérance, entraînant le plus d'arrêts de traitement.
Une balance bénéfice/risque défavorable
Pire, les auteurs eux-mêmes estiment qu'en raison des limites des essais, ces résultats pourraient être plus mauvais, à la fois pour l'efficacité réelle mais aussi les effets secondaires graves, en particulier le risque suicidaire.
Après réaanalyse pointilleuse patient par patient d'une seule étude, les éléments suicidaires sont apparus largement sous-évalués, passant de 3 % à 10 %. Dans un éditorial, le Dr Jon Jureidini, de l'université d'Adélaïde estime que « la conséquence d'une déclaration est que les antidépresseurs, y compris la fluoxétine, ont l'air plus dangereux et moins efficaces que précédemment pensés ». Rien ne dit que d'autres molécules aient en réalité un risque d'idées suicidaires et de tentatives de suicides au moins aussi élevé que la venlafaxine épinglée dans la métaanalyse.
L'étude conforte les recommandations
La méfiance et la prudence envers les antidépresseurs chez les jeunes patients ne datent pourtant pas d'hier. La psychothérapie est recommandée en première intention dans la dépression de l'enfant et de l'adolescent dans la plupart des pays occidentaux. Dès 2004, l'agence américaine du médicament, la Food and Drug Agency (FDA), lance une mise en garde contre l'utilisation de ces psychotropes chez les moins de 24 ans.
Pourtant, la prescription continue d'augmenter légèrement entre 2005 et 2012 aux États-Unis et en Europe. Fin 2014, la Haute Autorité de santé (HAS) rappelle que la psychothérapie est le traitement de première intention, que le traitement antidépresseur ne doit jamais être prescrit lors de la consultation initiale et que ce dernier est « seulement indiqué dans un nombre réduit de cas ».
Le Pr Danielli Marcelli, vice-président de la Société française de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent, a récemment réaffirmé que « l'approche psychologique ou relationnelle est la plus efficace sur le long terme ».
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