Certains prédisaient que la nouvelle obligation vaccinale de 11 valences pour les enfants nés à partir du 1er janvier 2018 entraînerait une levée de boucliers massive de la part des parents et un renforcement de la réticence envers les vaccins qui n’a cessé de croître en France ces dernières années. Les premières données semblent au contraire indiquer qu'un phénomène inverse s’est amorcé.
Alors que le noyau dur des « antivacs » n’a, comme attendu, pas chômé pour prédire l’apocalypse à venir parmi ces populations d’enfants concernés par la nouvelle obligation, la mise en place du dispositif ainsi que le renforcement de la communication scientifique institutionnelle ont eu un effet positif sur la confiance des parents.
S’appuyant sur les résultats de la dernière enquête Vaccinoscopie réalisée auprès d’un millier de mères d’enfants âgés de 0 à 11 mois, parus dans le numéro de février 2019 de la revue Médecine et Maladies Infectieuses, le Professeur Joël Gaudelus, pédiatre à l’Hôpital jean Verdier (AP-HP, Bondy) et président de la commission Vaccinations du groupe de pathologie infectieuse de la Société française de pédiatrie (SFP), constate que la dynamique est positive : « Si le nombre d’enfants vaccinés contre l’hépatite B a augmenté de 8 % (1re dose) et ceux vaccinés contre le méningocoque C de 31 % (injection à l’âge de 5 mois) par rapport à 2017, la population des mères « minimisatrices », soit celles plutôt en faveur d’un nombre le plus restreint possible de vaccins, est quant à elle en diminution par rapport à 2017 alors qu’elle n’avait cessé d’augmenter depuis 2012 pour passer en cinq ans de 18 à 39 % ».
bienfaits de diffuser une information scientifiquement validée
Pour le Pr Gaudelus, « tous les résultats vont donc vers une augmentation de la confiance chez les parents dont les enfants sont ciblés par la nouvelle obligation vaccinale, mais également chez ceux dont les enfants ne sont pas concernés ». En effet, lorsque l’on confronte les données de l’enquête Vaccinoscopie aux dernières en date de Santé publique France qui mesurent le taux de vaccination parmi la 2e population évoquée, on constate une augmentation de 5,6 % de la vaccination contre le méningo C, de 2,6 % pour la première dose de ROR (à l’âge de 14 mois pour les 2) et même de 3,5 % et de 2,7 % pour les 1re et 2e doses du vaccin anti-HPV (entre 11 et 14 ans). C’est clairement le signe que « le message a été bien reçu et accepté, aussi bien par les familles que par les médecins qui sont désormais plus à l’aise sur cette question, notamment parce qu’ils doivent faire face à moins de réticences », estime le Pr Gaudelus.
Outre l’obligation supplémentaire des 8 valences, l’essor sur internet d’une communication institutionnelle apportant des données scientifiques validées a également porté ses fruits. « La création en 2017 du site Vaccination Info Service que l’on réclamait depuis 10 ans est un progrès majeur », se félicite le spécialiste. Les derniers chiffres de connexion révèlent que son succès auprès du grand public est incontestable puisqu’il constitue désormais, après le médecin, la 2e source d’information privilégiée par les parents. Par ailleurs, la récente création en son sein d’un espace réservé aux professionnels de santé « est tout à fait fondamentale pour aider à faire changer d’avis ceux qui par manque de formation ou d’information continuent d’avoir des doutes sur l’utilité de la vaccination », conclut le Pr Gaudelus.
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