LE QUOTIDIEN : Comment a été constituée la Pass pédiatrique de Nice ?
Dr Philippe Babe : Cela fait maintenant 10 ans que l’hôpital pédiatrique CHU Lenval à Nice a ouvert une permanence d’accès aux soins de santé (Pass) pédiatrique aux urgences. C’est un outil pluridisciplinaire où travaillent un médecin, une infirmière et trois assistantes sociales. Il existe des Pass médicales ou dentaires pour les adultes mais aussi, désormais, des Pass spécialisées pour la population pédiatrique.
Les missions des Pass sont précisées dans une circulaire du 18 juin 2013 de la Direction générale de l’offre de soins. Selon ce texte, une Pass doit « offrir un accès aux soins et un accompagnement soignant et social aux patients dans la perspective d’un retour à l’offre de soins de droit commun. Ces soins peuvent ne pas être soumis à facturation pour les patients pour lesquels il apparaît, au moment de la réalisation des actes, qu’ils ne pourront pas bénéficier d’une couverture sociale ». L’objectif de cette permanence est aussi d’agir « à l’intérieur de l’établissement et à l’extérieur de celui-ci pour faciliter le repérage et la prise en charge de ces patients et construire un partenariat institutionnel élargi ».
Quel est le parcours de soin des enfants que vous recevez ?
À Nice, la très grande majorité des enfants vue à la Pass sont issus du service des urgences. Chaque année, on reçoit environ 60 000 enfants aux urgences. Et, depuis son ouverture, notre Pass n’a cessé de voir un nombre d’enfants de plus en plus important : 250 en 2016, 450 en 2018. Et cette année, on en est déjà à 500 jeunes patients. Cette progression est liée en bonne partie au fait que nous recevons de plus en plus d’enfants de familles migrantes mais aussi des mineurs isolés. Il s’agit de jeunes de 14 à 16 ans qui ont effectué leur parcours de migration seuls. Cette évolution concernant les migrants s’inscrit dans un contexte global de forte précarité dans notre région. Aujourd’hui, la région Paca est la deuxième en France par rapport au nombre d’enfants vivant en dessous du seuil de pauvreté. Cette population est estimée à 15 % au vu de chiffres de l’Insee de 2015.
À quels types de pathologies êtes-vous confrontés ?
Les enfants et les adolescents accueillis au CHU Lenval souffrent de pathologies variables. Il y a d’abord des enfants nés sur le territoire et qui vivent dans des familles en situation de précarité. Le plus souvent, ils présentent des pathologies courantes : asthme, pharyngites… Mais on voit aussi de plus en plus d’enfants, notamment chez les migrants, avec des retards de soins pour des pathologies chroniques. Depuis un ou deux ans, on reçoit beaucoup d’enfants issus d’Europe de l’Est, notamment de Géorgie et d’Albanie, qui présentent des pathologies graves (insuffisance rénale, maladies neurologiques, diabète…) non traitées.
Ces enfants, si nécessaire, sont pris en charge d’abord aux urgences pédiatriques et parfois hospitalisés. Mais le rôle de la Pass est ensuite de leur organiser un parcours de soins de proximité avec un rétablissement ou une mise en place de leurs droits sociaux. C’est un travail qui prend souvent beaucoup de temps. C’est la raison pour laquelle nous venons de renforcer l’équipe avec une assistante sociale et que je me bats actuellement pour avoir un deuxième poste d’infirmière. Nous avons désormais un financement pérenne de l’Agence régionale de santé (ARS), via ses missions d’intérêt général, les Pass ne dépendant pas de la T2A.
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