En lançant la « Charte du nouveau-né hospitalisé », le secrétaire d'État à l'Enfance, l'association SOS Préma et la Société française de néonatalogie (SFN)* entendent éviter que l’enfant ne soit séparé de ses parents. Dévoilée le 17 novembre à l'hôpital Hautepierre de Strasbourg, la Charte énonce 10 pratiques autour du principe de « zéro séparation » qui seront diffusées dans les 490 services de néonatalogie du pays.
« Nous ne voulons plus jamais que l'enfant soit séparé de ses parents à sa naissance », a plaidé Charlotte Bouvard, fondatrice de SOS Préma. Cette séparation « est absolument inacceptable et toutes les preuves scientifiques montrent combien (la présence des parents) est essentielle dans la construction du lien parents-enfant et le développement de l'enfant ».
Sur 740 000 naissances par an, 75 000 sont suivies d'une hospitalisation, dont 60 000 bébés prématurés, rappelle le secrétariat d’État à l'Enfance. Selon une enquête de l’association SOS Préma menée en 2020 auprès de 1 104 jeunes parents, 39 % des mères d'un bébé hospitalisé à la naissance ont rencontré leur enfant plus de 5 heures après l'accouchement, une proportion qui monte à 54 % pour les naissances par césarienne.
La séparation, « une forme de maltraitance »
La « négation du rôle de la mère » observée lors de certaines hospitalisations n'est « supportable, ni individuellement ni collectivement » et relève d'« une forme de maltraitance », a souligné le secrétaire d'État Adrien Taquet. « Les nouveau-nés perçoivent beaucoup de choses de leur environnement et ont besoin en particulier des stimulations qui proviennent de leurs parents pour bien se développer », ajoute le Dr Pierre Kuhn, chef du service de néonatologie au CHRU de Strasbourg et membre de la SFN.
Concrètement, la Charte prévoit une « présence continue » (sans restriction, 24 heures/24), dès la naissance, d’au moins un des parents (ou d’une personne de confiance), autorise « la participation des parents aux soins » et reconnaît leur « rôle protecteur (...) dans la prise en charge de la douleur » du nourrisson.
Le document encourage également la création d’un lien d’attachement avec les parents (contact physique, bercement, échanges vocaux, alimentation) et le « contact peau à peau quotidien (...) le plus tôt possible, de façon prolongée au cours des 24 heures et jusqu’à la sortie ». Il s’agit aussi de donner le colostrum maternel « sans restriction d’âge gestationnel ou de poids, en l’absence de contre-indication médicale » et d’offrir la possibilité de téter au sein ou au biberon, « aussitôt qu’il montre la capacité à le faire, sans restriction d’âge gestationnel ».
Ces pratiques doivent permettre d’assurer un développement « optimal » du nouveau-né, sur les plans social, affectif et cognitif, et d’améliorer son état de santé, alors qu’en moyenne, les soins de développement réduisent de 5,3 jours la durée d’hospitalisation des bébés.
Adrien Taquet a par ailleurs annoncé le lancement, en 2022, d'un appel à projets visant à expérimenter, sur 10 sites en France, la « sortie précoce » des nouveau-nés accueillis en service de néonatologie. Des équipes mobiles doivent ainsi permettre la poursuite des soins à domicile. Ce dispositif expérimental sera financé à hauteur de 2,6 millions d'euros pendant 3 ans.
*Avec le soutien de la Société française de médecine périnatale (SFMP), le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF), le Collège national des sages-femmes (CNSF), l’Association nationale des puéricultrices(teurs) diplômé(e)s et des étudiants (ANPDE) et l’Association nationale des auxiliaires de puériculture (ANAP).
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