DE NOTRE CORRESPONDANTE
« C’EST PEUT-ÊTRE une fausse impression, que j’aimerais dissiper au cours de cette journée d’étude, mais j’ai le sentiment que cela pourrait partir de tous les côtés » : le Dr Denis Gravériau, pédiatre, ne cache pas que l’ambition de l’IRSI-SN, qu’il préside, est de jouer la mouche du coche. Or, en France, il existe une kyrielle de structures investies dans le champ de la sécurité sanitaire. À côté, figure un maillage important de professionnels sur le terrain, médecins, pharmaciens, infirmiers ou biologistes. Pour autant, savent-ils qui informer et comment en situation d’épidémie ? Toutes les agences et institutions concernées sont-elles capables de se coordonner pour y répondre ? « Il faudrait une surveillance unique et disposer d’un tableau de bord des signalements, régulièrement actualisé », estime le Dr Gravériau. En ce sens, l’ambition de l’IRSI-SN est justement d’apporter des idées novatrices et de faire des propositions au législateur.
Ainsi, la journée du 9 devrait-elle engendrer des recommandations en termes de communication. « Le Pr Jeanne-Brugère-Picoux, de l’École nationale vétérinaire de Maisons-Alfort et membre de l’Académie de médecine, qui interviendra sur ce thème, pense qu’il faut absolument harmoniser les avis d’experts et les réponses des acteurs sur le terrain, trouver un fil conducteur qui soit solide entre le haut et le bas », poursuit Denis Gravériau. Et d’argumenter : « Prenons l’exemple de la météorologie. Depuis les tempêtes de 1999 les choses ont changé : le public est très attaché au bulletin quotidien de Météo France, qui, à leurs yeux, est crédible. Si on parvenait un jour, avec une même exactitude scientifique, une même crédibilité et un intérêt des citoyens, à publier un bulletin des biorisques, ce serait une avancée. Il ne faut pas non plus faire vivre les gens dans une psychose généralisée, mais trouver un juste milieu. »
Maladies véhiculées par les animaux.
Si l’IRSI-SN a centré cette journée sur l’enfant, c’est parce que peu de réunions sur le biorisque ont pris en compte les spécificités de l’enfant en matière de vulnérabilité, de mise en uvre des traitements et des secours. Jeanne-Brugère-Picoux évoquera sans doute le problème posé par les visites de fermes par les écoles, où des animaux sont potentiellement porteurs de virus. « Elle craint ainsi que la fièvre Q, une zoonose, puisse être liée aux visites pédagogiques », indique le Dr Gravériau.
Mais aujourd’hui, d’autres maladies émergentes ou ré-émergentes couvent : elles sont véhiculées par les tiques, les moustiques dans nos contrées mais aussi par les chauve-souris en Amérique du Sud. En raison de la déforestation au Brésil et en Amazonie, les grosses chauves-souris vampires, qui n’ont plus assez d’insectes à manger, sont devenues anthropophages ; elles mordent les enfants qui contractent la rage et en meurent au moment même où ces lignes sont rédigées.
› CAROLINE FAESCH
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