La vitesse de croissance est d'environ cinq à six centimètres par an jusqu’à la puberté au cours de laquelle elle s’accélère. La cinétique des courbes doit être régulière et sans cassure avec absence de rebond d’adiposité précoce sur la courbe d’indice de masse corporelle (IMC).
Avant l'âge de un an, l’évaluation de la taille est nécessaire quatre fois par an ; entre un et quatre ans, trois fois par an. Avant deux ans, la mesure se fait en position allongée ; debout après deux ans. À partir de quatre ans et jusqu’à la fin de la croissance, il est important de faire une évaluation de la taille une à deux fois par an. La différence de taille adulte est en moyenne de 13 cm entre les garçons et les filles. Sur la courbe de croissance française actualisée en 2018, la taille finale est augmentée de un centimètre.
Le retard statural est défini par une taille < -2DS ou par une vitesse de croissance faible. Cette donnée est à nuancer selon la taille des parents. Le calcul de la taille cible (à partir de deux ans) la prend d'ailleurs en compte : (taille du père + taille de la mère) à diviser par deux, et + 6,5 s’il s’agit d’un garçon, ou - 6,5 s’il s’agit d’une fille. Mais cette formule n’est applicable que pour des parents biologiques et dont les tailles sont approchantes. Il importe donc d’avoir un peu de recul dans l’interprétation du calcul.
Les questions à se poser
1 ) S’agit-il d’un retard présent dès la naissance ? Celui-ci est rattrapé chez 80 % des enfants en cas de retard intra-utérin dans les deux ou trois premières années.
2) Ce retard est-il associé à des malformations (dysmorphie, retard mental etc.) ? Demander un caryotype et penser au syndrome de Turner chez la fille.
3) Existe-t-il une petite taille familiale ? Éliminer une maladie osseuse constitutionnelle avec radiographies du squelette, faire un âge osseux.
4) Existe-t-il une pathologie viscérale associée ? Les pathologies cardiaques ou pneumologiques graves sont en général déjà connues. Un retard statural peut en revanche être le mode de révélation d’une maladie digestive (maladie cœliaque) ou rénale (néphropathie) ou d’une anorexie mentale jusque-là méconnue.
Un poids insuffisant pour la taille ou un ralentissement pondéral précédant celui de la taille orientent vers une cause nutritionnelle ou digestive.
5) Existe-t-il des signes évoquant une endocrinopathie ? Comme un excès pondéral s’accompagne en principe d’une accélération staturale, l’association d’un excès pondéral à un ralentissement de la croissance oriente vers un hypercorticisme ou vers un hypopituitarisme. Une frilosité, un goitre évoquent une hypothyroïdie.
6) La cassure de la courbe est-elle isolée et sans explication ? Un écart important entre taille prédictive et taille cible fait discuter un déficit en hormone de croissance.
7) Existe-t-il un contexte psychosocial défavorable ? Maltraitance, traumatismes émotionnels, abus sexuels peuvent être à l’origine d’un retard staturo-pondéral.
Ce qu’il faut faire
1) Retracer l’histoire familiale : taille des parents et de la fratrie, puberté tardive familiale, maladie chronique à composante génétique.
2) Retracer les antécédents de l’enfant depuis la période périnatale : troubles digestifs, respiratoires, cardiaques, mais aussi infections récidivantes, prises médicamenteuses chroniques, troubles du comportement.
3) Évaluer le stade pubertaire (apparition des seins chez la fille, augmentation du volume testiculaire chez le garçon) et les acquisitions psychomotrices.
4) Choisir les investigations en fonction des données de l’interrogatoire et de l’examen clinique. En l’absence d’élément d’orientation : NFS, VS, créatinine, anticorps antitransglutaminases (maladie cœliaque), bilan thyroïdien, âge osseux avec radiographie du poignet gauche, caryotype chez la fille. Dans un second temps : cortisol, IRM cérébrale, radiographies du squelette, test de stimulation pour rechercher un déficit en hormone de croissance (5 % des retards de croissance). Chez l’adolescent, doser l’œstradiol ou la testostérone.
5) Quel pronostic pour la taille future ?
Associé à un retard de maturation osseuse et à un retard pubertaire, le retard de croissance est de bon pronostic après traitement de la cause, ou s’il est idiopathique. Contrairement à un retard de croissance sans retard de maturation osseuse ni retard pubertaire.
Ce qu’il faut retenir
Une cassure de la courbe de croissance nécessite une recherche étiologique
Un retard concernant la taille fait évoquer une endocrinopathie ; un retard concernant le poids, une pathologie digestive.
L’examen clinique et l’interrogatoire sont la clef pour orienter les investigations.
Le traitement est exclusivement étiologique et le retard de la prise en charge est préjudiciable pour la santé de l’enfant et sa taille définitive.
Exergue : Avant l'âge de un an, l’évaluation de la taille est nécessaire quatre fois par an ; entre un et quatre ans, trois fois par an
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