Infections urinaires récidivantes de l’enfant

Un gain modeste de l’antibiothérapie au long cours

Publié le 28/10/2009
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L’ÉTUDE PRIVENT, publiée dans le « New England Journal of Medicine » montre que, chez les enfants sujets aux infections urinaires récidivantes, un traitement antibiotique préventif au long cours procure un bénéfice modeste.

Les infections urinaires touchent 2 % des garçons et 8 % des filles de 7 ans. Elles sont associées à une morbidité à long terme, des lésions rénales étant rapportées chez 5 % des enfants atteints. Les infections urinaires et le reflux vésico-urétéral (RVU) étant associés à des lésions rénales, il est habituel de pratiquer une cystourétrographie permictionnelle pour rechercher un RVU et de prescrire une antibiothérapie quotidienne pendant des années pour prévenir les infections et les lésions rénales. On sait aussi que des enfants sans RVU peuvent avoir des infections urinaires récidivantes et des séquelles ; ce qui a conduit à recommander, chez ces enfants également, une antibiothérapie au long cours. Cela dit, on manque d’essais contrôlés bien conduits pour évaluer les bénéfices de cette antibiothérapie préventive. C’est dire l’intérêt de l’étude PRIVENT (Prevention of Recurrent Urinary Tract Infection in Chldren with Vesiroureteric Reflux and Normal Renal Tract), conçue pour voir si l’antibiothérapie à long terme prévient les infections urinaires récidivantes chez les enfants.

Ce travail, conduit dans 4 centres australiens entre décembre 1998 et mars 2007, a porté sur 576 enfants de moins de 18 ans qui avaient eu au moins une infection urinaire prouvée bactériologiquement. L’âge moyen à l’entrée dans l’étude était de 14 mois ; 64 % étaient des filles ; 42 % avaient un RVU connu (au moins de grade III chez 53 %) ; 71 % ont été enrôlés après un premier diagnostic d’infection urinaire. Avant la randomisation, tous ont reçu pendant quinze jours du triméthoprime sulfaméthoxazole. Après randomisation, le médicament était distribué lors des visites trimestrielles, la dose quotidienne étant calculée en fonction du poids (2 mg de triméthoprime et 10 mg de sulfaméthoxazole par kg de poids ou 0,25 mg/kg d’une suspension contenant 40 mg de triméthoprime et 200 mg de sulfaméthoxazole). Le traitement (ou le placebo) était pris pendant douze mois.

Gain de 6 %.

Résultats : au cous de l’étude, une infection urinaire est survenue chez 13 % des enfants du groupe traité contre 19 % des enfants du groupe placebo. « Un traitement prolongé par de faibles doses de triméthoprime-sulfaméthoxazole était associé à une diminution du nombre d’infections urinaires chez les enfants prédisposés. L’effet thérapeutique apparaît constant mais modeste dans tous les sous-groupes », concluent les auteurs.

Comme l’indique un éditorialiste, « des essais randomisés contrôlés en cours en Suède et aux États-Unis chez des enfants porteurs de reflux vésico-urétéraux de différents grades pourraient nous dire si le diagnostic et le traitement de ces reflux apportent un bénéfice supplémentaire ».

Jonathan Craig et coll. New England Journal of Medicine du 29 octobre 2009, pp. 1748-1759 et 1804-1806.

Dr EMMANUEL DE VIEL

Source : lequotidiendumedecin.fr