Quels ont été les effets de la crise sanitaire Covid sur la santé des enfants ? C’est autour de cette thématique que le « Réso’Pédia » a organisé en septembre dernier un webinaire qui a réuni divers experts nationaux et professionnels de santé régionaux. Cet événement a marqué l’inauguration du nouveau réseau dédié à la santé de l’enfant dans la région Pays de Loire. « L’objectif est de créer une culture commune autour de la santé de l’enfant, en fédérant l’ensemble des professionnels de santé concernés au niveau de la région. Notre volonté est de décloisonner, de faire des partages d’expériences et de prendre en compte tout ce qui remonte du terrain », souligne le Dr Joël Garcia, pédiatre et coordinateur de Réso’Pédia.
Inégalités d’accès aux soins
« L’idée de départ est d’apporter l’expertise au plus près de l’enfant. On le sait, il existe aujourd’hui une très grande inégalité d’accès dans l’accès à l’expertise pédiatrique. Notre région compte cinq départements et, comme beaucoup d’autres, elle est confrontée à une rareté des ressources médicales libérales et hospitalières », indique le Pr Jean-Christophe Rozé, pédiatre au CHU de Nantes, qui a commencé à rencontrer les responsables de l’ARS il y a une dizaine d’années pour leur exposer cette problématique. « Je me souviens qu’à l’époque, le programme régional de santé (PRS) ne faisait aucune particularité sur la santé de l’enfant. C’est une constante chez nos décideurs. Ils ne comprennent pas l’importance de l’expertise pédiatrique alors que les enfants représentent 20 % de la population », ajoute-t-il.
En attendant de se constituer en association, Réso’Pédia est porté par le réseau « Sécurité naissance » des pays des Loire. « Ce réseau de périnatalité est un grand succès. Il a été un des premiers réseaux de ce type structuré en France et il est aujourd’hui très reconnu. Ce qui a certainement joué auprès de l’ARS qui accepté de financer une étude de faisabilité pour lancer Réso’Pédia », précise le Pr Rozé.
Améliorer les parcours de soins
Le Réso’Pédia vise à fédérer l’ensemble des professionnels et acteurs de la santé de l’enfant au niveau régional, quel que soit leur mode d’exercice. Il a donc vocation à rassembler les pédiatres libéraux et hospitaliers, les généralistes, les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS), les acteurs de la médecine scolaire, de la PMI et de la protection de l’enfance mais aussi de l’ensemble des paramédicaux. « L’idée, c’est de se mettre tous autour de la table. Et on a pu voir lors des premières réunions que, même si on n’est pas toujours d’accord sur tout, qu’il y a une adhésion très forte au projet. C’est important car, pour apporter l’expertise au plus près, il faut partager une culture commune », souligne le Pr Rozé.
Un des objectifs de Réso’Pédia est de s’attaquer à un certain nombre « d’inadéquations » : le recours aux urgences pédiatriques comme porte d’entrée du système de soins, le manque de lisibilité des filières de soins pour les professionnels et les parents ou l’errance médicale pour certaines situations. « On le voit de façon fréquente : quand un médecin est embêté par le cas d’un enfant, il l’envoie aux urgences. Résultat, pour un grand nombre d’enfants, l’entrée dans le système spécialisé où se fait ce recours à l’expertise se fait via les urgences pédiatriques, ce qui n’est pas optimal », indique le Pr Rozé, qui prend l’exemple de la dermatite atopique pour illustrer son propos sur l’errance médicale : « Il s’agit d’une pathologie qui n’est pas très bien enseignée dans le 2e cycle des études médicales. On estime que la dermatite est présente dans 10 à 15 % de la population et, sur l’ensemble des cas, 10 % peuvent déboucher sur une forme grave devant être prise en charge dans les centres de référence. Aujourd’hui, notre souhait est de travailler davantage en amont, au niveau des pharmaciens ou des généralistes qui sont souvent les premiers interlocuteurs des parents dont les enfants se grattent. Le but est de réduire le temps qui va s’écouler entre l’apparition des premiers symptômes et l’arrivée dans un centre de référence en cas d’une forme grave, en diffusant auprès de l’ensemble des acteurs les recommandations européennes sur la prise en charge de cette pathologie. »
Le Réso’Pédia a déjà identifié plusieurs thèmes sur lesquels il souhaite mobiliser son action. « Pour notre étude de faisabilité, trois groupes de travail ont été constitués sur des sujets importants à nous yeux : le neuro-développement [lire aussi p. XX], la prévention et la santé de l’enfant en protection de l’enfance. L’idée est de travailler par filière de soins pour mieux faire connaître les parcours. Il nous faudra aussi décloisonner pour éviter que chacun ne conduise son projet dans son coin », indique Léna Rivier, déléguée générale de Réso’Pédia.
Exergue : Nos décideurs ne comprennent pas l’importance de l’expertise pédiatrique alors que les enfants représentent 20 % de la population
Entretiens avec le Pr Jean-Christophe Rozé, pédiatre au CHU de Nantes, le Dr Joël Garcia, pédiatre et coordinateur du réseau et Léna Rivier, déléguée générale de Réso’Pédia,
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