Chez l’enfant et la femme enceinte

Une antibiothérapie orale dans l’ulcère de Buruli

Publié le 14/12/2010
Article réservé aux abonnés

ALORS QUE l’ulcère de Buruli touche principalement les enfants en zones tropicales humides, il n’existait jusqu’à présent aucun traitement disponible pour cette tranche d’âge. Des chercheurs Inserm en association avec des médecins du Bénin, ont montré l’efficacité d’un traitement oral associant de la rifampicine et de la clarithromycine, utilisable chez les jeunes enfants et les femmes enceintes.

L’ulcère de Buruli est une maladie tropicale émergente, qui est devenue la troisième mycobactériose après la tuberculose et la lèpre. En l’absence de traitement, les sujets atteints présentent de graves handicaps : limitations importantes des mouvements et cicatrices stigmatisantes.

Jusqu’en 2004, le seul traitement était chirurgical. Depuis 2005, un traitement associant la rifampicine et la streptomycine, administré par injection, a permis de réduire le temps d’hospitalisation et le nombre de rechutes. Cependant, si ce protocole est reconnu par l’OMS, il présente de nombreux effets secondaires, comme la perte d’audition, et n’est pas recommandé aux enfants et aux femmes enceintes. Sans compter que le mode d’administration n’est pas adapté aux populations rurales.

Laurent Marsollier (INSERM) et des médecins du Centre de diagnostic et de traitement de l’ulcère de Buruli (CDTUB) à Pobè au Bénin, ont testé l’efficacité de l’antibiothérapie orale chez 30 patients traités pendant huit semaines. Les 12 hommes et 18 femmes inclus présentaient des lésions plus ou moins étendues, ulcéreuses ou non. Au terme du traitement, tous les patients ont été guéris. Les blessures se sont refermées, avec l’aide de la chirurgie pour certaines atteintes sévères. Aucun cas de rechute n’a été observé à plus d’un an.

« Cette antibiothérapie, qui s’administre par voie orale, procure plus de confort pour le malade tout en évitant les risques liés à l’injection », souligne Laurent Marsollier, chargé de recherche à l’INSERM. La voie orale est particulièrement adaptée aux zones d’endémies où l’accès aux soins est difficile. Une étude multicentrique soutenue par l’OMS aura pour objectif de valider ces résultats sur un plus grand nombre de malades.

Clinical Infectious Diseases, volume 52, numéro 1, 1er janvier 2011

  Dr I. D.

Source : Le Quotidien du Médecin: 8876