LE GARÇON nie être stressé et avoir consommé des drogues ou des stimulants. Il se plaint d’une gêne abdominale, d’une augmentation de sa diurèse, d’une dysurie et de picotements dans les jambes.
Il ne tient pas en place. À l’examen, on constate une tachycardie sinusale (147/min à l’ECG), une tachypnée à 25/min et une TA élevée (145/90 mmHg).
Le cliché thoracique et les examens de laboratoire pratiqués sont normaux. Le dépistage toxicologique est négatif pour la cocaïne, l’héroïne et les amphétamines.
Une consultation psychiatrique ne trouve pas d’anomalie.
La situation de ce jeune patient s’améliore au cours de la nuit dans traitement et il quitte le service le lendemain matin. À ce moment, on note une bradycardie sinusale à 40/min.
320 mg de caféine en quatre heures.
Quelques heures plus tard, sa mère revient à l’hôpital : elle a trouvé dans le sac de son fils deux paquets vides de chewing-gums stimulants et son fils reconnait en avoir consommé à l’école. Chaque paquet contient 160 mg de caféine (0,57 % de caféine par dragée) ainsi que des quantités non indiquées de guarana, des édulcorants, de la gomme d’acacia, de l’acide citrique, de l’acide malique, du glycérol, de la cire de carruba et des colorants alimentaires.
Selon la mère, son fils n’a pas l’habitude d’ingérer des boissons ou des aliments riches en caféine.
Quelques jours plus, tard, on voit le jeune patient lors d’un rendez-vous de consultation. Bien qu’il ne se plaigne de rien, il apparaît endormi. Sa mère indique qu’il a perdu son intérêt pour toute activité et qu’il n’est pas allé à l’école depuis trois jours.
L’ECG montre une bradycardie sinusale à 45/min ; la fraction d’éjection du ventricule gauche est basse, à 55 %. En cinq jours, son état s’améliore et lorsqu’il est revu en décembre, l’adolescent va bien et se plaît dans ses activités habituelles.
« Chez notre patient, la constellation transitoire de signes et symptômes était probablement secondaire à une intoxication aiguë par des chewing-gums stimulants. La caféine sérique n’a pas été mesurée mais notre patient réunit les critères diagnostiques d’une intoxication à la caféine (consommation d’au moins 250 mg de caféine et apparition d’au moins cinq manifestations spécifiques ; cf. critères du DSM IV) Notre patient a admis avoir consommé en quatre heures deux paquets de chewing-gums, contenant au total 320 mg de caféine - l’équivalent d’environ 10 tasses de thé chez un adulte de 70 kg. Notre patient pesait 45 kg et avait probablement une forte sensibilité en raison de sa faible consommation habituelle de caféine. »
La caféine, rappellent les auteurs, est une méthylxanthine, qui est rapidement et totalement absorbée à partir de chewing-gums. Elle induit de nombreux effets, incluant la stimulation de tissus endocrines et exocrines, du système nerveux central, du muscle cardiaque, des muscles squelettiques ainsi que la relaxation des muscles lisses et enfin une diurèse. Ces effets résultent de la redistribution intracellulaire de calcium, de l’accumulation de nucléotides cycliques secondaires à l’inhibition des phosphodiestérases et du blocage du récepteur de l’adénosine.
« L’usage de chewing-gums stimulants devrait être envisagée dans les cas d’intoxication à la caféine », concluent les auteurs.
Francesco Natale et coll. The Lancet du 30 mai 2009, p. 1918.
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?