AU MOIS de septembre dernier, le C2DS alertait l’opinion sur les risques de toxicité éventuels de certains échantillons de produits cosmétiques pour bébés distribués gratuitement aux mères à la sortie des maternités. « Nous ne sommes pas scientifiques mais, en tant que directeurs d’établissement, nous demandons que le principe de précaution soit appliqué, particulièrement chez les nouveau-nés plus vulnérables », avait indiqué au « Quotidien », Olivier Toma, son président, par ailleurs directeur de la clinique Champeau.
Après avoir constitué un groupe de travail ad hoc et pris l’avis d’experts, notamment au sein de l’AFSSAPS (Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé), l’Académie de médecine apporte une mise au point cinglante : « Le principe de précaution ne saurait justifier une attitude systématiquement alarmiste, surtout quant celle-ci est fondée sur une expérimentation non pertinente, et alors que nombre de cosmétiques pour bébés sont utilisés depuis plusieurs générations dans le monde sans conséquences sanitaires apparentes. »
Selon les Académiciens, « on ne peut raisonnablement affirmer qu’il existe un risque d’apparition de cancers en cas d’exposition à long terme et, simultanément, qu’il n’y a pas de preuve formelle de la nocivité de tel ou tel produit ». Ils ajoutent par ailleurs « qu’inquiéter l’opinion sans preuves n’est en aucun cas une démarche scientifique et éthique ».
Absence de données.
Dans leur mise au point, les Académiciens, reconnaissent que la question des risques des cosmétiques se situe dans le contexte général de l’exposition de l’organisme humain aux milliers de composés chimiques présents dans notre environnement. « Or, précisent-ils , l’analyse des effets toxiques à long terme est difficile. » Ils admettent aussi que la fréquence des lésions cutanées et les modalités d’application des cosmétiques peuvent aboutir, après résorption cutanée, à des concentrations sanguines très supérieures à celle de l’adulte, mais insistent sur « l’absence de données sur la résorption percutanée chez le nourrisson et le jeune enfant, ainsi que sur l’absence de connaissances sur le métabolisme et l’excrétion des ingrédients contenus dans les crèmes chez les nourrissons ».
Selon eux, les règles de précaution existent déjà et la cosmétovigilance est assurée par l’AFSSAPS. Même si les cosmétiques ne bénéficient pas des garanties de l’AMM, leur prescription et leur recommandation « engagent la responsabilité médicale », soulignent-ils.
Néanmoins, Ils formulent 6 recommandations (encadré) concernant la recherche, la composition des produits cosmétiques, la cosmétovigilance et l’étiquetage des produits.
*Groupe de travail « cosmétique chez le nourrisson » dont le rapporteur est le Pr Paul Vert, pédiatre, spécialiste de périnatalogie.
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