En raison d'une forte association entre l'infection Zika en cours de grossesse et la microcéphalie, le lien de causalité est largement admis. Néanmoins, c'est la première fois qu'il est confirmé dans une étude cas contrôle avec la publication dans « The Lancet Infectious Diseases » des premiers résultats chez 32 cas de microcéphalie et 62 contrôles.
Même si la taille réelle de l'effet ne sera établie qu'avec l'analyse en cours de l'ensemble des 200 cas et 400 contrôles, les chercheurs de l'université de Pernambuco en collaboration avec la London School of Hygiene and Tropical Medicine demandent d'ores et déjà que le virus Zika soit rajouté à la liste des infections congénitales (toxoplasmose, syphilis, varicelle-zona, parvovirus B1, rubéole, cytomégalovirus et herpès).
Des incertitudes en cas d'infection précoce
Les chercheurs de l'université de Pernambuco en collaboration avec la London School of Hygiene and Tropical Medicine ont inclus tous les enfants microcéphales nés dans l'une des 8 maternités de la province de Pernambuco dans le nord-est du Brésil entre le 25 janvier et le 2 mai 2016.
Chaque cas a été apparié à deux contrôles, ces derniers étant les deux premiers nourrissons nés le jour suivant dans l'une des 8 maternités. L'appariement a tenu compte de la région de résidence et du terme de l'accouchement.
Dans ce travail, l'équipe a recherché les anticorps IgM anti-Zika et le virus Zika (RT-PCR) dans le sang maternel et celui de l'ensemble des enfants (cas + contrôles), ainsi que dans le liquide céphalo-rachidien (LCR) chez les cas avec microcéphalie. Les auteurs font néanmoins remarquer que la fiabilité de cette méthode n'est pas établie chez les nouveau-nés, en particulier pour une infection au cours du premier trimestre.
Microcéphalie harmonieuse ou dysharmonieuse
La séropositivité maternelle était élevée chez les cas (n = 24/30, 80 %) et les contrôles (n = 39/61, 64 %), sans différence significative, qui est le reflet de la forte prévalence en contexte épidémique. En revanche, l'infection Zika était confirmée par RT-PCR (sang, LCR) chez 41 % cas (n = 13/32) et chez aucun des 62 contrôles. Pour les auteurs, il est tout à fait possible que l'association soit sous-estimée et que les limites de la méthode diagnostique puissent expliquer les 19 cas (59 %) non confirmés à Zika.
Seulement 7 des 27 cas ayant eu un TDM présentaient des anomalies cérébrales à l'imagerie, suggérant que le virus peut entraîner une microcéphalie sans autre lésion cérébrale.
Dans un éditorial attaché, le Dr Patricia Brasil de Rio de Janeiro et le Pr Karin Nielsen-Saines de Los Angeles, relèvent que la définition de la microcéphalie aurait besoin d'être clarifiée au Brésil et ailleurs, en particulier en ce qui concerne la différence entre microcéphalie harmonieuse et dysharmonieuse. « Même si la microcéphalie dysharmonieuse est la forme la plus médiatisée de l'infection congénitale à Zika, la microcéphalie harmonieuse est aussi identifiée dans le cadre d'un retard de croissance in utero causé par l'infection maternelle à Zika (...). La distinction est importante parce que cela peut impliquer des différences pronostiques », écrivent les éditorialistes.
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