À l’occasion de son 70e anniversaire, la ligue européenne contre les rhumatismes (EULAR) a lancé cette année lors du congrès la campagne « Don’t Delay, Connect Today ! ». L’objectif est d’interpeller sur l’importance du diagnostic précoce pour prévenir toute aggravation chez les personnes atteintes de maladies musculosquelettiques et rhumatismales ainsi que d’encourager un accès rapide aux traitements.
En effet, d’après de récentes recherches, l’initiation d’un traitement 12 mois après les premiers symptômes pourrait réduire l’atteinte articulaire et augmenter les chances de rémission. Cependant la réalité est toute autre. En effet, trois quarts des personnes atteintes de fibromyalgie ne seraient pas diagnostiqués et le délai moyen de diagnostic de la maladie s’élèverait à 5 ans.
À travers cette campagne, l’EULAR souhaite sensibiliser le grand public et inciter les personnes à se rapprocher de leur médecin en cas de troubles musculosquelettiques (douleurs musculaires ou articulaires, extrême fatigue, raideurs).
Un traitement précoce réduit le risque de polyarthrite rhumatoïde
Une méta-analyse portant sur 9 essais randomisés incluant 1 156 patients a mis en évidence l’intérêt d’une prise en charge thérapeutique précoce chez des patients dits « pré-polyarthrite rhumatoïde » (pré-PR), de 46 ans d’âge médian et présentant des symptômes depuis en moyenne 16 semaines. En effet, « dans ces études où les patients pré-PR reçoivent un traitement actif (méthylprednisone, méthotrexate, anti-TNF, abatacept, rituximab), il existait une réduction significative du risque de développement d’une polyarthrite rhumatoïde (PR) à 52 semaines et plus », explique le Dr Stéphane Hilliquin (hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris). « Cependant, dû au stade précoce de la pathologie, aucune différence significative n’a été rapportée au niveau des lésions entre les patients sous traitements actifs et ceux sous placebo, lié à l’absence de progression de la maladie à la radiographie ».
Un risque augmenté avec le tabagisme passif pendant l’enfance
Pour la première fois une étude réalisée auprès de 70 598 femmes, dont 1 239 ont déclaré une PR, a démontré que chez les fumeurs l’exposition au tabagisme passif pendant l’enfance augmenterait le risque de PR. « Notre étude souligne l’importance d’éviter un environnement enfumé chez les enfants, tout particulièrement chez ceux ayant des antécédents familiaux de PR », rapporte le Pr Raphaël Seror (CHU du Kremlin-Bicêtre, Paris). En effet, l’exposition au tabagisme passif pendant l’enfance accroît le lien entre le risque de PR et la consommation active de tabac à l’âge adulte. Ainsi, chez les fumeurs exposés au tabagisme passif pendant l’enfance, une différence avec un hazard ratio (HR) de 1,73 était retrouvée par rapport aux non-fumeurs non soumis au tabagisme passif. Le hazard ratio était de 1,37 par rapport aux fumeurs non exposés au tabagisme passif pendant l’enfance. De plus, des antécédents de diarrhée chronique feraient plus que doubler le risque de déclarer une PR (HR =2,32). « Un lien entre des antécédents de diarrhée chronique et le risque de développement de PR soutient l’hypothèse du rôle de la dysbiose (déséquilibre bactérien de l’intestin) en tant que facteur de risque d’apparition de maladies immunologiques inflammatoires », explique le Pr Seror.
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