Les exacerbations de bronchite pulmonaire chronique obstructive (BPCO) ont un important poids sur les systèmes de santé. En outre, chaque exacerbation, surtout sévère, pèse sur le devenir pulmonaire des patients. Pour mieux appréhender les déterminants de ces exacerbations sévères et leur pronostic, une équipe a mené une vaste méta-analyse sur près de 66 000 patients admis pour exacerbations sévères, au sein d’études menées dans 30 pays (1). Ce travail montre que globalement dans ce panel, la mortalité intrahospitalière est autour de 6 %, la mortalité à un an après la sortie autour de 10 % et que quasiment un tiers des sujets sont réadmis pour exacerbation dans l’année. La BPCO reste donc grevée d’un pronostic sombre, avec toutefois d’importantes disparités d’un pays à l’autre. C’est pourquoi les auteurs appellent « les systèmes de santé à mieux mettre en place les recommandations de prise en charge et de suivi, et à prendre en charge (c’est-à-dire rembourser) les traitements ayant prouvé qu’ils permettent de réduire les récidives d’exacerbations. »
Une mortalité intra-hospitalière variant de 1 à 12 %, dont la moitié la première semaine
Les études retenues portent sur des adultes hospitalisés pour BPCO et intègrent la mortalité et/ou le taux de réhospitalisations. Au total, 321 études rassemblant quasi 66 000 sujets et menées dans 30 pays ont été retenues. Les données individuelles anonymisées ont été récupérées auprès des auteurs.
Les données de mortalité intrahospitalière portent sur 62 000 patients issus de 35 études. Ces sujets ont 74 ans d’âge médian et 59 % sont des hommes. La plupart ont une obstruction modérée à sévère et ont fait une à deux exacerbations dans l’année précédente. Au total, parmi eux, 3 868 sont morts à l’hôpital. Soit une mortalité intra-hospitalière de 6,2 [6-6,4] %.
Les patients décédés, souvent plus âgés, avaient une FEV1 réduite, davantage d’antécédents d’exacerbations, avaient souffert de plus de dyspnée et avaient plus souvent été mis sous ventilation mécanique non invasive et/ou admis en soins intensifs.
Mais, en analyse multivariée, les seuls facteurs de risque indépendants se limitent à l’âge, au recours à la ventilation mécanique et au passage en soins intensifs. La durée médiane de séjour de ces patients décédés est de 7 [3-16] jours. La moitié sont morts durant la première semaine et 15 % le premier jour de leur hospitalisation.
Enfin, on observe d’importantes variations de mortalité intrahospitalière d’un pays à l’autre. Ce taux variant de 1 % en Chine jusqu’à 11,8 % en Turquie.
Une mortalité moyenne post-hospitalisation à 11 % à un an
Avec un suivi médian de 365 jours, sur les 30 600 patients survivants dont on a les données, 4 662 (15,2 %) sont morts au cours du suivi.
Ces sujets décédés étaient plus souvent des femmes, étaient plus âgés, présentaient une FEV1 plus basse et plus d’antécédents d’hospitalisations dans l’année précédente. Leur séjour hospitalier était plus long, ils étaient davantage dyspnéiques et avaient été mis plus souvent sous ventilation et/ou admis en soins intensifs.
Globalement, en post-hospitalier, il y a 1,8 % de mortalité à 30 jours, 5,5 % de mortalité à trois mois et 10,9 % de mortalité à un an avec, à nouveau, d’importantes variations d’une étude et d’un pays à l’autre. La mortalité post-hospitalière variant à un an de 1 % en Norvège à 43 % en Islande.
Un patient sur trois (32 %) réhospitalisé en moyenne dans l’année
Les données de réhospitalisation disponibles pour 46 300 patients, avec un suivi médian de 365 jours, mettent en évidence un taux important de récidive nécessitant une réhospitalisation. Au total, cela fait 7,1 % de réadmission à 30 jours, 12,6 % à trois mois et 32 % à un an. Avec toujours d’importantes variations, le taux à un an variant de 10 % en Chine à 68 % en Islande. À nouveau, les sujets le plus à risque de réadmissions sont les sujets présentant le plus d’antécédents d’hospitalisation, une FEV1 basse et ayant été mis sous ventilation mécanique ou en soins intensifs.
En regroupant ces données, les auteurs voulaient rechercher si de nouveaux facteurs pronostiques surgissaient. Il n’en est rien. Sans surprise, les plus importants facteurs de risque de décès et de réadmission sont la nécessité de mise sous ventilation mécanique et l’existence de deux antécédents ou plus d’hospitalisations dans l’année précédente pour le même motif.
(1) K Waeijen-Smit et al. Global mortality and readmission rates following COPD exacerbation-related hospitalisation: a meta-analysis of 65945 individual patients. ERJ Open Res 2024;10: 00838-2023
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