Ce jeudi 20 avril, les promeneurs du 6e arrondissement de Paris se sont vu offrir l'opportunité de réaliser une spirométrie. Sur la place Saint-Sulpice, la tente Itinér'Air, évoquant celles des tests anti-Covid, accueillait les curieux qui passaient là, et leur proposait de souffler dans l’appareil.
Entre 70 et 90 % des cas de BPCO non diagnostiqués
Alors que le spiromètre est l’outil de prédilection pour éliminer une bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) ou un asthme, ce diagnostic de rue vise à démocratiser la mesure du souffle. Il s’agit aussi de sensibiliser une population dans laquelle ces pathologies passent encore sous les radars. La pédagogie apparaît de mise : d’après un sondage Ifop, 50 % des Français ne savent pas ce qu’est la BPCO.
Des statistiques édifiantes, alors qu’on parle de la troisième cause de mortalité dans le monde, sans parler des conséquences invalidantes de cette maladie qui reste longtemps silencieuse. La prévalence est estimée en France à 8 % (6 à 7 % pour l’asthme). Mais entre 70 et 90 % des cas ne sont pas diagnostiqués, selon la Haute Autorité de santé.
Plus d'un tiers des tests problématiques
Avec 150 spirométries réalisées à Paris, l’opération menée par le laboratoire Chiesi en comptabilise à ce stade 650 avec les quatre autres métropoles ciblées : Nice, Strasbourg, Lille et Lyon. La capitale était la dernière étape pour cette année. Les résultats sont inquiétants : 38 % des spirométries effectuées à Paris ce jour-là présentaient des anomalies, et 20 à 25 % pour les autres grandes villes.
Comment expliquer la discordance avec la prévalence nationale ? Le test avait lieu en journée, ce qui excluait une bonne part des salariés en bonne santé. En outre, les volontaires comptaient un certain nombre de personnes âgées soucieuses de leur état de santé. Mais de très jeunes se sont aussi portés volontaires. « Ils prennent conscience des effets délétères du tabac, relate le Dr Rafik Bekka, pneumologue à Paris, en charge de la bonne marche des tests. S’ils réalisent qu’ils font de l’asthme, cela peut les inciter à arrêter. » Les généralistes devraient tous avoir un spiromètre dans leur cabinet, estime l’ensemble des participants à l’opération.
« Le choix du terrain est réfléchi, avance Caroline Brive, représentante de Chiesi. En parlant directement aux personnes, la force de conviction est d’autant plus efficace. »
De son côté, le médecin parisien conseillait aux personnes prédiagnostiquées d’aller voir un pneumologue, rappelant qu’en cas de BPCO, « le spiromètre est la partie émergée de l'iceberg de l'exploration. » Autre conseil phare asséné par le praticien, ne surtout pas rester sans bouger. « Je ne cesse de répéter à l’ensemble de mes patients que si la BPCO tue, la sédentarité aussi. » Les personnes atteintes se voient avant tout suggérer de pratiquer la marche, accessible et gratuite.
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