Changer de classe de médicament après l’échec d’une antibiothérapie en première ligne, pour des patients sévèrement asthmatiques, serait préférable à l’utilisation d’un autre médicament de la même classe selon les premières données issues de la cohorte Recherche sur les asthmes sévères (Ramses). Quelque 60 000 personnes sont concernées en France. Si leur prise en charge a été révolutionnée par l’arrivée des anticorps monoclonaux, elle reste hétérogène sur le territoire, avec notamment un défaut d’accès aux explorations allergologiques ou à l’éducation thérapeutique.
Lancée en 2019, la cohorte Ramses, promue par l’Assistance publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP) et portée par la Pr Camille Taillé (service de pneumologie A, hôpital Bichat – Claude-Bernard et université Paris Cité), a inclus 2 046 patients souffrant d’asthme sévère, suivis dans 52 centres à travers la France. Son objectif : évaluer en vie réelle les modalités de prise en charge, les bénéfices et/ou les risques associés aux différents traitements.
Switch vers un anticorps anti-IL-4
Le travail publié dans Journal of Allergy and Clinical Immunology, et coordonné par la Dr Solène Valéry* a permis de comparer pour la première fois directement entre elles deux stratégies de changement de biothérapie après échec d’une première ligne avec un anticorps monoclonal ciblant la voie de l'interleukine 5 (anti-IL-5) : changement de classe de molécule (pour un anti-IL-4R) ou utilisation d’un autre médicament de la même classe. Ceci en émulant un essai clinique à partir des données de la cohorte.
Quelque 151 patients ont été inclus : 103 ont eu un anti-IL-4R, en l’occurence, le dupilumab (Dupixent) et 48, un autre anti-IL-5/5R. Résultat : les patients bénéficient pour la plupart du changement de molécule, mais la différence d’amélioration du test de contrôle de l’asthme (ACT) n’est pas statistiquement significative. En revanche le changement de classe est associé à une réduction plus franche de l’utilisation des corticoïdes oraux (Pinter-intra -1,05 g [- 1,76, - 0,34], p=0,041). Il présente aussi (même si les résultats ne sont pas significatifs), une tendance à l’amélioration plus importante de la fonction respiratoire mesurée par le VEMS (126,8 ml [- 12,7, 266,4], p=0,124) et à la baisse des exacerbations (Δinter-intra - 0,37 [ -0,77, 0,02], p=0,124).
Même si elles doivent être confirmées, « ces données sont importantes car elles vont permettre de mieux orienter le choix thérapeutique en cas d’échec de traitement », conclut un communiqué de l’AP-HP.
* Centre de pharmacoépidémiologie de l’AP-HP, de l’équipe Pepites de l’Institut Pierre Louis d'Épidémiologie et de santé publique (Inserm/Sorbonne Université)
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