Le paysage du cancer du poumon a considérablement changé au cours des dernières décennies aux États-Unis. Selon une étude publiée ce jeudi dans le « New England Journal of Medicine », la répartition entre hommes et femmes au sein de plusieurs groupes ethniques s'est inversée, et ce changement majeur ne s'explique pas complètement par l'évolution de la consommation de tabac.
Les auteurs se sont basés sur les enquêtes nationales de santé, menées entre 1970 et 2016. Au cours des 20 dernières années, l'incidence du cancer du poumon a diminué chez les hommes et chez les femmes de 30 à 54 ans, mais cette baisse a été plus abrupte chez les hommes. Chez les Caucasiens, le ratio femme-homme est désormais supérieur à 1 dans tous les groupes d'âge entre 30 et 49 ans. À titre d'exemple, le sex-ratio femme/homme est passé de 0,88 entre 1995 et 1999 à 1,17 entre 2010 et 2014 chez les 40-44 ans. La population d'origine latino-américaine a également connu un tel retournement de situation, mais dans un nombre plus restreint de catégories d'âge. En ce qui concerne les populations noires et asiatiques, l'écart entre hommes et femmes s'est seulement réduit, mais les courbes ne se sont pas croisées.
Les femmes fument toujours moins
Les évolutions de la consommation de tabac des 2 sexes « n'expliquent pas ces données », précisent les auteurs, qui relèvent que « la prévalence du tabagisme chez les femmes caucasiennes nées depuis les années 1970 et chez les hispaniques nées après les années 1960 a approché, mais pas dépassé, celui des hommes. De plus, le nombre moyen de cigarettes fumées par jour continue d'être moins élevé chez les femmes. » Les chercheurs sont particulièrement frappés par le cas de la communauté hispanique où la prévalence du cancer du poumon des jeunes femmes adultes est supérieure à celle des jeunes hommes, alors même que la consommation de tabac est restée significativement plus faible chez les jeunes femmes.
L'hypothèse qui veut que les femmes soient plus sensibles aux risques cancérigènes des produits du tabac est étudiée depuis les années 1990, avec des résultats contradictoires. Dans l'étude publiée aujourd'hui, les facteurs autres que le tabac sont à l'origine de 15 % des cas de cancer du poumon chez les femmes, et 10 % de ceux des hommes. Par ailleurs, les expositions professionnelles à l'arsenic et à l'amiante, traditionnellement plus fréquentes chez l'homme, chez qui elles entraient en synergie avec le tabac, ont « considérablement diminué » au cours des décennies passées.
Malgré ces quelques éléments, les auteurs doivent reconnaître que la prévalence désormais plus forte de cancers du poumon dans certaines catégories de femmes reste « largement inexpliquée ». Ils espèrent que leurs résultats vont motiver de nouvelles études étiologiques et des recherches sur les facteurs de risque du cancer du poumon spécifiques aux femmes.
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