CHEZ L’ADULTE ou chez le sujet immunodéprimé, de nombreux cas de tuberculose sont dus à la réactivation endogène d’une infection antérieure, rappelle un communiqué de l’Institut Pasteur, de l’Institut Pasteur de Corée et l’INSERM. « Une des hypothèses les plus communément admises est que cette réactivation est directement liée à la multiplication intracellulaire du bacille. » En effet, contrairement à la plupart des bactéries, Mycobacterium tuberculosis a la capacité de survivre au sein de différents types cellulaires. Il peut même se multiplier activement dans les macrophages.
En s’appuyant sur cette hypothèse, sous la direction de Priscille Brodin (Equipe Avenir INSERM, Institut Pasteur Korea, rattachée à l’unité dirigée par Roland Brosch à l’institut Pasteur), des chercheurs ont développé un système modèle permettant de suivre la croissance de la mycobactérie au sein des macrophages par microscopie confocale de fluorescence. Ce système a ensuite été couplé à un criblage à haut débit de plusieurs dizaines de milliers de molécule. À la suite de ce criblage, une centaine de molécules ont été sélectionnées pour leur activité antibactérienne intracellulaire. Il faut souligner que certaines de ces molécules présentent une structure chimique différente de celles des antibiotiques actuels ; ce qui en fait des modèles pour le développement de nouveaux types de médicaments antituberculeux.
Une enzyme requise pour la synthèse de la paroi et la croissance.
Les chercheurs ont poursuivi leurs travaux en collaboration avec des équipes universitaires. Fait important, ils ont montré qu’une série de ces molécules cible une enzyme nécessaire à la synthèse de la paroi de la mycobactérie et à sa croissance intracellulaire. « Compte tenu du fait qu’aucun antibiotique actuellement utilisé dans le traitement de la tuberculose n’est dirigé contre cette enzyme, la poursuite du développement de nouveaux types de composés inhibiteurs de celle-ci ouvre une nouvelle voie dans la lutte contre les multirésistances », souligne le communiqué.
Rappelons que la tuberculose touche chaque année plus de 400 000 personnes en Europe et 5 millions en Asie. Qu’elle tue près de 2 millions de personnes chaque année dans le monde. Que l’épidémie de Sida et l’émergence de bacilles multi- et extrêmement résistants (MDR-TB, XDR-TB) conduisent à des situations d’échec thérapeutique pour lesquelles le développement de nouvelles classes est un enjeu de santé publique. L’OMS considère que l’épidémie mondiale de tuberculose constitue une urgence sanitaire au niveau planétaire. Cet organisme estime qu’entre 2000 et 2020, près d’un milliard de personnes seront naturellement infectées, que 200 millions développeront la maladie et que 35 millions en mourront si aucune amélioration n’est apportée dans le contrôle de la tuberculose.
Thierry Christphe et coll. PLoS Pathogens
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