Les inhibiteurs de pompe à protons (IPP), en utilisation au long cours, sont suspectés depuis quelque temps d’être à la source de certains problèmes notamment des augmentations du risque infectieux, de colites à Clostridium difficile, de péritonites bactériennes spontanées, et de pneumonies.
Une étude, récemment présentée lors du congrès Chest 2022, s’est penchée spécifiquement sur cet éventuel risque pulmonaire associé aux IPP. Ses résultats mettent pour la première fois clairement en évidence un surrisque d’emphysème et d’abcès pulmonaires chez les personnes sous IPP.
Pour les auteurs, « cette vaste étude observationnelle mérite d’être approfondie par d’autres travaux, notamment parce que les bases de données utilisées ne donnaient pas d’informations assez précises sur les posologies utilisées et la durée du traitement. D’autres études seraient en outre souhaitables pour éclairer le pourquoi du comment de cet impact délétère. Néanmoins, d’ores et déjà ce travail suggère qu’il convient de limiter le recours aux IPP hors d’indication forte, en particulier chez les sujets âgés, fumeurs, les patients sous chimiothérapie et ceux souffrant de Sida. »
Une cohorte américaine de près 80 millions de patients
Ce travail part des données de 26 systèmes de santé américains. Tous les patients âgés de 30 à 80 ans actifs ont été inclus. Soit plus de 80 millions d’Américains. Parmi eux, 7 090 patients présentaient ou avaient présenté, entre 2018 et 2021, un emphysème pleural ou un abcès pulmonaire. Deux cohortes ont été créées : les patients sous IPP et ceux qui ne l’étaient pas (contrôle).
Le taux d’emphysème ou d’abcès pulmonaires est alors très différent. Chez les personnes sous IPP, il est de 0,04 %, quand ce taux est de 0,004 % dans la cohorte contrôle. Soit dix fois plus d’emphysème ou d’abcès pleural durant la période observée (2018-2021) chez les patients sous IPP : RR = 10,5 [10-11] ; p < 0,001 en analyse univariée.
« Être sous IPP n’est néanmoins pas le seul facteur de risque. L’analyse univariée met en évidence que l’âge, le sexe, la race, le fait de souffrir d’un cancer, être sous chimiothérapie, alcoolique, diabétique, présenter un reflux œsophagien ou souffrir de Sida constituent autant des facteurs de risque significatifs d’emphysème ou d’abcès pulmonaire. C’est pourquoi il serait judicieux d’être particulièrement prudent chez les sujets âgés, les fumeurs, les personnes sous chimiothérapie et ceux souffrant de Sida », préviennent les auteurs.
(1) L Dahabra et al. Proton pum inhibitors and risk of pleural emphysema and lung abscess. Chest, Nashville 18 octobre 2022; doi.org/10.1016/j.chest.2022.08.334
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