La vaccination des seniors doit devenir un objectif prioritaire de santé publique, porté par tous les médecins, au premier rang desquels les généralistes, exhorte l’Académie nationale de médecine dans un rapport publié ce 11 janvier. Et d’appeler à vacciner les plus de 65 ans contre la grippe et le Covid-19, les infections dues au pneumocoque et au virus respiratoire syncytial (VRS), et contre le zona.
Passé les 11 vaccinations obligatoires réalisées avant 18 mois, les recommandations vaccinales sont moins suivies avec l’avancée en âge, déplore la rue Bonaparte dans son travail. Conséquence : l’insuffisance des couvertures vaccinales chez un public qui représente plus de 20 % de la population « crée un fardeau médical et économique de plus en plus lourd dans une population qui vieillit » (avec 30 % de seniors attendus en 2030). Ainsi plus de 42 % des hospitalisations et des admissions en réanimation pour grippe entre 2011 et 2022 concernaient des seniors. Pour la pneumonie aiguë, les trois quarts des sujets hospitalisés ont plus de 70 ans. Et l’infection à VRS cause chaque année en Europe 250 000 hospitalisations chez les seniors et 17 000 décès. Plus de 90 % des personnes décédées du Covid avaient plus de 60 ans, lors du pic pandémique en France. Enfin, le zona se traduit par des complications chez les sujets âgés et immunodéprimés.
L’Académie avance plusieurs facteurs pour expliquer l’insuffisante couverture vaccinale des seniors : l’extrême prudence des praticiens face à la fragilité des patients et le manque de temps au cours de la consultation, qui conduit à omettre la question du statut vaccinal, l’insuffisante coordination entre les acteurs de santé, l’isolement et l’accès réduit aux soins, la crainte des effets indésirables, sans oublier tous les autres facteurs indépendants de l’âge, à l’origine de l’hésitation vaccinale.
Jamais trop tard pour vacciner une personne âgée
En réaction, l’Académie de médecine invite les médecins traitants à faire de la couverture vaccinale tout au long de la vie un axe fondamental des mesures de santé publique. Et ceci en commençant par mettre à jour leurs connaissances en vaccinologie.
Il est notamment rappelé que l’immunosénescence et les comorbidités ne sont pas des obstacles aux vaccinations proposées. La plupart des vaccins proposés aux sujets âgés sont efficaces et très bien tolérés, et l’utilisation de nouveaux vaccins laisse espérer surmonter les effets de l’immunosénescence. Le rapport cite Efluelda contre la grippe (quatre fois plus dosé en antigènes que les tétravalents classiques), le vaccin adjuvanté Shingrix contre le zona, l’Apexxnar et ses 20 valences contre le pneumocoque. Et plaide pour rendre disponible sans plus attendre les vaccins Arexvy et Abrysvo contre le VRS et le vaccin Shingrix, autorisés en Europe mais n’ayant pas encore fait l’objet de recommandations en France.
L’Académie encourage encore de s’appuyer sur les ressources du numérique, notamment du carnet de vaccination numérique, qui doit garder à jour l’historique vaccinal tout en incluant des recommandations personnalisées, voire en prévoyant un bouton d’action déclenchant une prise de rendez-vous à domicile.
Enfin, l’Académie rappelle l’importance de la vaccination des professionnels de la santé et de l’aide à la personne, notamment contre la grippe et le Covid. En 2022, seulement 22 % des professionnels exerçant en établissement de santé étaient vaccinés contre la grippe.
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