Placer les patients victimes d’hypoxémie sévère sous oxygénothérapie toute la journée n’améliore pas leur survie ni leur risque d’hospitalisation, par rapport à une utilisation pendant 15 heures seulement, selon une étude qui entend trancher après plusieurs années d’interrogations à ce sujet.
Dans les années 1970, deux études randomisées ont imposé l’oxygénothérapie longue durée comme un traitement capable de prolonger la survie des patients avec hypoxémie sévère. Au fil du temps, un consensus s’est mis en place pour proposer 15 heures par jour. Mais plusieurs études non randomisées ont semé le doute, en suggérant des bénéfices avec 24 heures sur 24, à l’exception d’une étude observationnelle suédoise sur plus de 2 200 patients.
La première étude randomisée sur le sujet
Dans une étude randomisée de phase 4 publiée dans le New England Journal of Medicine, le groupe de recherche collaboratif suédois Redoc a comparé l’évolution de 117 patients avec 15 heures d’oxygénothérapie par jour à celle de 124 patients avec 24 heures au bout d’un an. Les participants, âgés en moyenne de 76 ans, ont été recrutés avec l’aide du registre national suédois de l’insuffisance respiratoire (Swedevox) qui concentre environ 85 % de tous les patients suédois ayant une oxygénothérapie longue durée.
Les auteurs ont défini l’hypoxémie sévère par l’association d’une pression partielle en oxygène (PaO2) inférieure à 55 mm Hg avec une saturation inférieure à 88 %, ou par une PaO2 à 60 mm Hg associée à des symptômes d’insuffisance cardiaque et à un hématocrite de plus de 54 %.
Compte tenu des difficultés de recrutement, les chercheurs ont vu certaines de leurs ambitions à la baisse : le critère primaire d’évaluation, qui devait être la survie seule, a été remplacé par un score composite comprenant les risques de décès et d’hospitalisation.
Pas de différence après une année de suivi
Dans les deux groupes, le flux d’oxygène était ajusté de sorte d’avoir une PaO2 > 60 mm Hg ou une saturation > 90 %. Les patients sous oxygène pendant 15 heures par jour avaient pour instruction de se raccorder à leur bouteille la nuit et de ne pas l’utiliser pendant un total de 9 heures au cours de la journée. Il est à noter que, pour des raisons pratiques, les patients du groupe 24 heures n’étaient pas en mesure de suivre leur traitement rigoureusement toute la journée lors des trois premiers mois, mais seulement pendant une durée médiane de 23 heures. Au bout d’un an, en revanche, les patients parvenaient à respecter 24 heures par jour.
Après un an, il n’y avait pas de différence significative entre les deux groupes en ce qui concerne le critère primaire d’évaluation : 124,7 événements pour 100 personnes-années dans le groupe 24 heures contre 124,5 dans le groupe 15 heures. Cette absence de différence persistait après ajustement. Il n’y avait presque aucun effet secondaire rapporté dans les deux groupes. Des résultats qui font conclure aux auteurs qu’il est préférable de maintenir une fenêtre de 9 heures sans oxygène, afin de réduire l’impact sur la vie quotidienne.
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