L'enquête sur la qualité de vie des patients conduite par l’institut NXA pour l'association BPCO, à l’occasion de la journée mondiale, témoigne du fardeau de la pathologie : 93 % des 356 adhérents de l’association interrogés font part d’un quotidien aux complications multiples. « La BPCO a un impact sur la psychologie. Elle réduit l’autonomie : trois quarts des personnes ont des difficultés à monter deux étages. Pour 30 %, leur situation financière s’est dégradée et un tiers a dû s’arrêter de travailler à cause de la maladie. Quasiment un quart des patients ont des relations amicales qui se sont dégradées et plus de la moitié d’entre eux font également état de relations sexuelles détériorées », précise le Dr Frédéric Le Guillou, président de l’association. Autre chiffre évocateur : 68 % des patients interrogés déclarent ne pas accepter leur pathologie.
« Il y a un gros travail de communication à faire sur la BPCO pour améliorer le diagnostic, les aides et lever l’isolement dans lequel vivent les patients », souligne le Dr Le Guillou. Sur les 3,5 millions de cas de BPCO estimés en France, les deux tiers ne sont pas diagnostiqués. Un million de ces malades ayant atteint le stade symptomatique.
Cap sur la réhabilitation
Pour le Pr Bruno Housset, président de la Fondation du souffle et de la Fédération française de pneumologie, il est primordial de rompre le cercle vicieux de la maladie en agissant en particulier au niveau de l’exercice physique et de la réhabilitation respiratoire. « Tout malade atteint de BPCO présentant une dyspnée malgré un traitement devrait bénéficier d’une réhabilitation respiratoire dont l’efficacité a un niveau de preuve maximal », indique-t-il. En pratique, moins de 20 % des patients qui devraient bénéficier d’une réhabilitation y accèdent. « Ce n’est pas uniquement parce qu’il n’y a pas suffisamment de place. Il faut que les médecins prescrivent davantage la réhabilitation », considère le Pr Housset.
L’enquête de l’association BPCO montre également l’important effort d’information à mener auprès des patients à ce sujet. « Près de 42 % d'entre eux ne connaissent pas ces programmes de réhabilitation respiratoire. Et sur les 58 % qui ont l'information, 29 % n’en bénéficient pas », résume le Dr Le Guillou. Après une réhabilitation, le maintien des acquis par l’activité physique s’avère indispensable, insiste le Pr Housset, « sinon en six mois les bénéfices disparaissent si l’on ne fait rien ».
Attention aux corticoïdes
Dans la gestion des exacerbations, le pneumologue met par ailleurs en garde sur les prescriptions pharmacologiques inappropriées, voire délétères. Avec 70 % des patients BPCO sous corticothérapie inhalée au lieu des 15 à 20 % attendus, « il y a une surprescription majeure avec de nombreuses conséquences en termes de complications », estime le président de la FFP qui prône une réduction des prescriptions en se limitant strictement à l’AMM de ces produits.
En matière de stratégie thérapeutique, la société de pneumologie de langue française (SPLF) a d’ailleurs fait des propositions en vue de simplifier les recommandations GOLD qui s’avèrent trop complexes dans la pratique courante. Autre axe majeur de la prise en charge de la BPCO, les comorbidités qui doivent être mieux prises en compte, en particulier la dénutrition, l’ostéoporose, l’anxiété, la dépression, l’hypogonadisme, le syndrome métabolique, les affections cardiovasculaires et le cancer bronchique.
« La BPCO n’est pas uniquement une maladie pulmonaire, elle s’exprime aussi sur d’autres organes », insiste le Pr Housset. En ce Moi(s)sanstabac, le pneumologue rappelle que l’arrêt de la cigarette reste essentiel à la prévention de la maladie, 80 % des cas étant liés au tabagisme.
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