La bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) est une maladie fréquente, potentiellement grave, touchant 5 à 10 % de la population française de plus de 40 ans soit 2,5 à 3 millions de personnes. Elle est définie par la présence de symptômes respiratoires chroniques et associés à une obstruction bronchique permanente. Les expositions environnementales jouent un rôle majeur, avec en premier lieu le tabac, mais également la pollution intérieure (via la combustion de biomasse) et certaines expositions professionnelles.
Selon les estimations de l’OMS, la BPCO concerne, dans le monde, autant les femmes que les hommes, avec des disparités géographiques. La mortalité liée à la BPCO chez les hommes est stable, voire en diminution, alors qu’elle est en hausse chez les femmes (1). Cette maladie devrait être la 3e ou 4e cause de mortalité d’ici 2030 dans le monde ; c’est un enjeu de santé publique majeur.
Une hausse du tabagisme
La prévalence de la BPCO chez les femmes est en hausse. Selon les projections de Burgel et al., elle devrait augmenter de 23 % en France d’ici à 2025. En cause, le tabagisme (2), qui a rejoint celui des hommes en ce qui concerne les femmes de 45 à 54 ans (3). Et la BPCO est sous diagnostiquée chez les femmes fumeuses. La maladie survient plus précocement chez elles (et peut conduire à tort à un diagnostic d’asthme) et le symptôme initial peut être une asthénie isolée.
Il existe quelques particularités dans l’évolution de la BPCO chez les femmes. Dans l’étude de cohorte multicentrique internationale Torch (444 centres, 42 pays), le score de dyspnée était plus élevé chez elles (4). La fréquence des exacerbations est plus importante, quelle que soit la tranche d’âge et à tabagisme égal (3,4). Il a également été montré que la progression de l’emphysème est plus rapide, à tabagisme égal (5).
Les comorbidités cardiovasculaires sont sous-diagnostiquées chez les femmes, et les prévalences de l’ostéoporose, de l’anxiété et de la dépression sont plus importantes chez elles (6). La ménopause est un tournant important dans l’histoire naturelle de la BPCO, car les femmes ménopausées ont une accélération du déclin de la fonction respiratoire (7) et sont à risque élevé d’ostéoporose. Néanmoins cette dernière peut survenir chez les patientes non ménopausées, étant donné qu’elles sont exposées, à cause des exacerbations, à des cures répétées de corticoïdes avec des doses cumulées de cortisone importantes. Une ostéodensitométrie de dépistage doit donc être facilement proposée.
exergue
Les femmes ménopausées ont une accélération du déclin de la fonction respiratoire
Pneumologues, hôpital Avicenne (Bobigny)
(1) Thun MJ, Carter BD, Feskanich D, et al. 50-year trends in smoking-related mortality in the United States. N Engl J Med. 2013 Jan 24;368(4):389-90.
(2) Burgel PR, Laurendeau C, Raherison C, et al. An attempt at modeling COPD epidemiological trends in France. Respir Res. 2018
(3) Olié V et al. Évolution de la morbimortalité liée au tabagisme chez les femmes en France métropolitaines données santé publique France.
(4) Celli et al. AJRCCM 20115. Coxson HO, et al ; Evaluation of COPD Longitudinally to Identify Predictive Surrogate Endpoints (ECLIPSE) Investigators. The presence and progression of emphysema in COPD as determined by CT scanning and biomarker expression: a prospective analysis from the ECLIPSE study. Lancet Respir Med. 2013 (6) Raherison C, Tillie-Leblond I, Prudhomme A, et al. Clinical characteristics and quality of life in women with COPD: an observational study. BMC Womens Health. 2014 Feb 20;14(1):31.
(7) Triebner K. Menopause Is Associated with Accelerated Lung Function Decline. Am J Respir Crit Care Med. 2017;195(8):1058-65.
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?