La cigarette électronique est un des moyens d'aide au sevrage les plus efficaces selon une nouvelle revue de la littérature menée par la collaboration Cochrane. Selon les données issues de 319 études, la cigarette électronique serait globalement aussi efficace que la varénicline et la cytisine, non commercialisée en France, avec qui elle forme un trio de tête.
Les chercheurs n'ont inclus que des études randomisées contre placebo (ou contre une approche non pharmacologique) qui évaluaient l'efficacité de chaque traitement à l'aune du pourcentage de patients ayant arrêté durablement de fumer au bout d'au moins 6 mois de suivi. Les effets indésirables constituaient également un point d'attention des investigateurs.
Deux fois plus de chances d'arrêter
À partir des données de 3 828 participants, les chercheurs concluent que la cigarette électronique utilisant de la nicotine multiplie par 2,37 les chances d'arrêter le tabac, par rapport au contrôle (placebo ou intervention non médicamenteuse). La varénicline, pour sa part, multiplie par 2,33 les chances d'arrêt, et la cytisine par 2,21. En valeur absolue, ces trois traitements permettent à 7 ou 8 personnes supplémentaires sur 100 d'arrêter de fumer.
Même s'ils le sont moins, d'autres modes d'intervention sont efficaces : le patch nicotinique (+37 % d'arrêt), les substituts nicotiniques à action rapide (+41 %), le bupropion (+43 %) ou encore une combinaison de plusieurs substituts nicotiniques (+93 %).
Les chercheurs se sont aussi intéressés à la manière d'utiliser ces différents traitements. Il en ressort qu'il n'existe aucune preuve réelle que la diminution progressive des doses améliore leur efficacité. L'application de cette stratégie ne permettrait qu'à une personne supplémentaire à arrêter le tabac.
Une recherche à améliorer
En ce qui concerne les effets indésirables, seul le bupropion augmentait sensiblement le risque, comparé au placebo. Toutefois, il ressort aussi clairement que les effets secondaires sont très inégalement recherchés et rapportés. « Les futures études devraient mieux rapporter les effets indésirables, et il faudrait davantage d'études comparant les différents traitements face à face », indiquent les auteurs, estimant en outre qu'il faut également « unifier les données sur les interventions comportementales et médicamenteuses, afin de mieux informer sur les approches combinées d'arrêt du tabac ».
Les auteurs se disent « confiants » dans leurs conclusions concernant l'aide que peut apporter la cigarette électronique, la cytisine, la varénicline, les substituts nicotiniques et le bupropion. Ils ne « s'attendent pas à ce que de nouvelles preuves expérimentales ne viennent changer ces conclusions ».
La cigarette électronique, toujours absente des recommandations françaises
La place de la cigarette électronique dans les stratégies de sevrage tabagique est au centre d'un débat clivant anti et pro. Au grand dam de ces derniers, le Haut Conseil de santé publique a estimé qu'il n'y avait pas assez de données pour préconiser le vapotage comme outil de sevrage. Une étude parue dans le BMJ l'année dernière considérait même que ce dispositif était inférieur aux autres moyens de sevrage.
À l'annonce des résultats de la Cochrane, le Pr Bertrand Dautzenberg, tabacologue, n'a pas manqué de réagir sur X (ex-Twitter).
La dernière revue Cochrane confirme la place de leader dans l’efficacité de l’arrêt du tabac de la vape (et effets secondaires rares, seul pour tous sauf bupropion). En espérant que la #CNAM et les #CPAM ne continuent pas à bannir la vape pour les actions Mois sans tabac 2023🔎🚬 pic.twitter.com/wYqaVXQvxr
— Pr . B Dautzenberg (@PrDautzenberg) September 14, 2023
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