De notre correspondant
LA RECONNAISSANCE immunitaire innée du virus influenza joue un rôle important dans le déclenchement des réponses adaptatives, et des travaux récents ont mis en cause, dans ce processus, l’activation de l’inflammasome. Toutefois, on ne sait pas encore très bien de quelle manière ce dernier induit une réaction immunitaire adaptative après une infection respiratoire par le virus influenza. Une série d’études conduites chez des souris soumises à des traitements antibiotiques, qui affectent la flore commensale, ont permis à l’équipe de Akiko Iwasaki d’apporter des réponses.
Les chercheurs envisagent tour à tour plusieurs hypothèses pour expliquer comment le microbiote peut favoriser la création d’une immunité adaptative contre l’infection par influenza au niveau pulmonaire. L’une d’elles est que l’ADN associé aux bactéries commensales pourrait bloquer la conversion des Treg (cellules T régulatrices) dans la muqueuse intestinale. Mais la création d’une déplétion en Treg, au moyen d’anticorps anti-CD25 administrés quelques jours avant l’infection de souris par le virus influenza, ne permet pas de restaurer une réponse immunitaire contre le virus après les traitements antibiotiques, ce qui exclut ce processus.
Un autre mécanisme est possible : des produits dérivés des bactéries commensales pourraient fournir des ligands de TLR (récepteurs de type Toll) ou d’autres récepteurs de reconnaissance de motifs microbiens (PRR) et stimuler ainsi l’immunité adaptative. Les auteurs découvrent que l’inoculation de divers agonistes des TLR est capable d’induire une certaine récupération de l’immunité anti-influenza au niveau de l’appareil respiratoire des souris traitées par antibiotiques.
L’altération du microbiote par les antibiotiques.
Les Japonais ont ensuite réalisé une étude où les souris étaient traitées par une association de 4 antibiotiques (vancomycine, néomycine, métronidazole et ampicilline) ou par un seul d’entre eux. Ils constatent que seule la néomycine utilisée isolément abolit les réponses immunitaires CD8 dans le poumon, ce qui veut dire que les bactéries commensales sensibles à cet antibiotique sont nécessaires à la création d’une immunité contre l’influenza. Ils montrent par ailleurs que le microbiote intact produit des signaux favorisant l’expression de l’ARN messager des précurseurs de cytokines pro-inflammatoires IL-1ß et IL-18. Ces cytokines sont activées à partir des précurseurs par la caspase-1, elle-même activée par l’inflammasome.
Enfin, les chercheurs montrent que l’activation de l’inflammasome induit la migration des cellules dendritiques de l’appareil respiratoire vers les ganglions lymphatiques 18 heures après l’infection à influenza. La migration des cellules présentatrices d’antigène est abolie chez les souris déficientes en caspase-1.
L’ensemble de ces données suggère donc que l’altération du microbiote par les antibiotiques affecte la capacité d’activation de l’inflammasome, puisqu’elle entrave la libération de cytokines pro-inflammatoires commandée par ce dernier, et que les bactéries commensales de l’appareil respiratoire ont un rôle dans l’homéostasie des cellules dendritiques et leur migration jusqu’aux organes de drainage lymphatique.
Ichinohe T., Iwasaki A. et coll., Proc Ntl Acad Sci USA (2011) Publié en ligne.
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