LA VITAMINE D a été utilisée comme traitement contre la tuberculose avant l’ère de l’antibiothérapie. On a constaté que ses métabolites (comme le calcitriol) induisent une immunité antimycobactérienne dans des cellules en culture.
Le récepteur humain de la vitamine D est polymorphique ; on sait que la présence de l’allèle t du polymorphisme Taq de ce récepteur est associée à un accroissement de la phagocytose de M. tuberculosisin vitro. Inversement, l’allèle f du polymorphisme Fok1 est associé à une réduction de l’activité de transcription.
Adrian Martineau et coll. ont eu l’idée d’ajouter de la vitamine D3 (colécalciférol) au traitement antibiotique de patients souffrant de tuberculose et de les génotyper pour les polymorphismes des récepteurs de la vitamine D, pour évaluer l’influence que cela pourrait avoir sur la réponse à cette supplémentation.
À Londres, 126 patients tuberculeux ont été recrutés. Ils ont reçu 2,5 mg de vitamine D3 ou un placebo au démarrage et à J 14, 28 et 42 après le début du traitement standard, ou un placebo. Par ailleurs, 126 autres patients ont reçu un placebo.
Le génotype tt du polymorphisme Taq1.
Les résultats montrent que « dans l’ensemble de la population de l’étude, l’administration de 4 doses de 2,5 mg de vitamine D n’affecte pas le moment où la mycobactérie est éliminée de la culture du crachat. Mais que cette mesure avance la négativation du crachat d’environ une semaine chez les patients qui présentent le génotype tt du polymorphisme Taq1. »
La durée médiane pour obtenir une négativation de la culture du crachat est de 36 jours dans le groupe sous intervention et où les patients présentent le profil génétique favorable, contre 43,5 jours dans le groupe placebo. Le génotype Fok1 ne modifie pas l’effet de la supplémentation en vitamine D. Le génotype tt n’est observé que chez 8 % des patients du groupe intervention.
Les auteurs notent que la concentration moyenne en 20 OH-vitD circulante à 56 jours est élevée dans le groupe intervention – 101,4 nmol/l - et basse dans le groupe placebo – 22,8 nmol/l.
La vitamine D peut donc présenter un intérêt en adjonction à l’antibiothérapie dans un sous-groupe précis de patient. Et « nous devons maintenant évaluer si cette supplémentation donnée en mode préventif, peut empêcher le déploiement d’une infection latente par le bacille tuberculeux chez ces patients. »
Les observateurs remarquent que les patients tuberculeux anglais inclus, qui appartiennent à des classes défavorisées (sans-logis, migrants…), souffrent de carence en vitamine D, probablement par manque d’exposition au soleil. Par ailleurs, une investigation portant sur le mécanisme qui sous-tend cette interaction gène-environnement serait utile.
Cette étude est la première à avoir évalué l’effet clinique de la vitamine D sur la conversion de la culture du crachat.
› Dr BÉATRICE VUAILLE
The Lancet, publication en ligne le 6 janvier 2011 ; doi :10.1016/50140-6736(10)62300-8.
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