Les pics de pollution ont des répercussions sur la santé avec un effet significatif, en particulier sur les hospitalisations pour causes cardiorespiratoires, la mortalité toute cause, sauf accidentelle, et les passages aux urgences. Or, « après analyse de la littérature scientifique la plus récente, il apparaît que ces associations sont souvent observées à partir de concentrations inférieures aux seuils d’information et d’alerte actuels », expliquent les experts missionnés par l’Anses (1). C’est pourquoi l’agence recommande de les abaisser, pour mieux protéger les populations et se rapprocher des seuils de l’OMS, seuils qui viennent juste d’être actualisés, à la baisse, quasi simultanément à la publication du rapport Anses (2). L’Anses recommande en outre d’intégrer à l’avenir le taux de particules fines PM2,5 aux seuils alertes, et pas seulement aux seuils d’information.
Des seuils d’information réduits et à rapprocher encore des cibles OMS
Pour rappel, actuellement plusieurs types de seuils sont utilisés en France. Un seuil d’information et de recommandation d’une part, et un seuil d’alerte d’autre part.
Le seuil d’information/recommandation correspond à celui auquel une exposition de courte durée représente un risque pour la santé, en particulier pour les personnes les plus sensibles. C’est une information adressée à la population. Il s’agit d’un indice de qualité de l’air, calculé et publié chaque jour par des organismes agréés indépendants. Depuis janvier 2021, cet indice français, l’Atmo, a été modernisé. Il intègre désormais le taux de particules fines PM2,5 en plus des PM10, du dioxyde d’azote, de l’ozone, et du dioxyde de soufre. Son mode d’évaluation a par ailleurs été revu et les taux collent désormais à ceux de l’indice européen (European Air Quality Index).
Globalement, cet indice qualifie désormais l’air de : bon, moyen, dégradé, mauvais, très mauvais, extrêmement mauvais. Ce qui correspond à six seuils pour chacun des polluants mesurés (exemple pour les PM2,5 : bon [0-10] µg/m3, moyen [10-20] µg/m3 ; dégradé [20-25] µg/m3, mauvais [50-75] µg/m3, très mauvais > 75 µg/m3). L’indice global est celui du polluant ayant la plus mauvaise qualité.
Mais, après la publication des nouveaux seuils de l’OMS, l’Anses a ajouté qu’on devait encore améliorer à l’avenir l’indice Atmo. « La révision des valeurs guides de l’OMS et la publication dans la littérature épidémiologique de risques relatifs plus récents que ceux recommandés en 2013 dans le cadre du projet Hrapie sont de nature à motiver une révision de l’indice européen EAQI et par conséquent de l’indice ATMO. » (1)
Enfin, l’Anses souhaite que le seuil d’information/recommandation soit à l’avenir basé sur le passage pour tout polluant de l’indice « dégradé » à « mauvais ».
Des seuils d’alerte plus bas et cohérents avec les seuils d’information
À côté des seuils d’information, existent des seuils d’alerte. Il s’agit de ceux pour lesquels une exposition de courte durée représente un risque pour la santé de l’ensemble de la population − et non seulement les plus fragiles − et/ou une dégradation de l’environnement, justifiant la mise en place de mesures d’urgence. Ces seuils d’alertes impliquent le déclenchement de mesures préfectorales adaptées, type restriction de circulation, réduction des émissions industrielles…
Actuellement les seuils utilisés pour coter la qualité de l’air ne correspondent pas à ceux utilisés par les autorités pour déclencher une alerte. Dans cet avis, l’Anses recommande de supprimer ce décalage. Ce qui revient non seulement à baisser les seuils d’alerte réglementaires mais aussi à intégrer un seuil en PM2,5, jusqu’ici non pris en compte dans les alertes.
Plus précisément, l’Anses recommande de choisir comme seuils d’alerte ceux correspondant, pour chacun des polluants, au passage dans l’indice Atmo de « mauvais » à « très mauvais ».
« Cette modification des seuils d’information/recommandation et d’alerte devrait permettre de réduire de 15 à 24 % le nombre annuel de passages aux urgences pour asthme (1 500 par an chez les moins de 18 ans) attribués aux épisodes de pollution en PM2,5 », selon l’Anses.
(1) Avis de l’Anses relatif à « la modification des seuils de déclenchement des procédures préfectorales en cas d’épisodes de pollution de l’air ambiant », septembre 2021
(2) Lignes directrices OMS relatives à la qualité de l’air : particules (PM2,5 et PM10), ozone, dioxyde d’azote, dioxyde de soufre et monoxyde de carbone. OMS septembre 2021.
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