L’APPROCHE créative de Eric Brown, Gerry Wright et Brian Coombes (McMaster University, Hamilton) est particulièrement intéressante pour traiter les infections bactériennes résistantes, complication fréquente qui affecte les patients atteints de mucoviscidose. Le travail publié dans Nature Chemical Biology (24 avril 2011) montre que l’association du lopéramide (Imodium) et de la minocycline accroît l’efficacité du dernier contre Pseudomonas aeruginosa.
Les chercheurs ont réalisé un criblage de différents produits n’appartenant pas à la classe des antibiotiques et déjà sur le marché, pour trouver ceux susceptibles d’augmenter l’activité de la minocycline. La minocycline est une tétracycline semi-synthétique qui inhibe la synthèse des protéines bactériennes, et qui est efficace par voie orale ou intraveineuse, rappellent les auteurs. Le criblage a été réalisé contre des souches multirésistantes de P. aeruginosa, Escherichia coli et le staphylocoque doré en présence de la minocycline à la moitié de la CMH (concentration minimale inhibitrice).
Le premier criblage a indiqué 156 composés actifs, inhibant la croissance de S. aureus, 142 pour E. coli et 48 pour P. aeruginosa.
Les étapes successives ont amené à trouver six composés non antibiotiques, disponibles sur le marché, qui offrent une synergie avec la minocycline contre le P. aeruginosa : bensérazide (utilisé dans la maladie de Parkinson) ; la chloroxine (antiséborrhéique) ; le tegaserod (prescrit dans les troubles fonctionnels intestinaux) ; l’acide ascorbique (vitamine C) ; la mitomycine (anticancéreux) ; et le lopéramide (agoniste opioïde, antidiarrhéique). Cinq d’entre eux sont aussi actifs contre E. coli et 3 contre S. aureus.
Au final, le lopéramide est celui dont l’effet amplificateur de l’action antibactérienne de la minocycline contre P. aeruginosa multirésistant est le plus important.
Comme le lopéramide n’a aucune activité antibactérienne, le mode d’action de l’association lopéramide-minocycline n’apparaît pas évident. Selon les auteurs, le lopéramide pourrait agir en facilitant la pénétration de la tétracycline dans le micro-organisme, en rendant la membrane externe plus perméable.
« Le traitement des infections a fait progresser la prise en charge de la mucoviscidose. Mais comme les micro-organismes développent de plus en plus de résistances, il est plus important que jamais de trouver de nouveaux traitements », souligne le Pr Brown.
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