« Un hôpital sans tabac est un établissement de santé ayant une stratégie de progression dans l’aide aux fumeurs et dans la disparition du tabagisme et au sein duquel on s’abstient de fumer au-delà du simple respect de la législation en vigueur », rappelle le Réseau de prévention des addictions (RESPADD) dans son nouveau guide visant à accompagner la mise en oeuvre de la démarche « lieux de santé sans tabac ».
Lors d’un colloque organisé au ministère de la Santé, Anne Borgne, présidente du RESPADD, a présenté les résultats d’un audit qui rend compte de l’importante marge de progression en matière de prise en charge du tabagisme. Parmi les 155 établissements adhérents au réseau ayant répondu en 2017, 73 % déclarent informer leurs collaborateurs et sous-traitants de la politique « hôpital sans tabac », mais seulement 50 % disposent de support spécifique pour les populations cibles.
Fumoirs extérieurs
Quant à l’information des usagers, « elle reste non systématique pour plus de la moitié des établissements », pointe Anne Borgne. Beaucoup reste à faire également concernant la formation puisque seulement 19 % des établissements indiquent avoir formé leurs personnels aux premiers conseils et mesures d’accompagnement de la dépendance. La prise en charge des fumeurs et utilisateurs de cigarettes électroniques reste aussi peu proposée (de 22 à 30 %) tandis que seulement la moitié des établissements dispose d’une consultation de tabacologie/addictologie. « Imposer un environnement non-fumeurs à l’intérieur des bâtiments est l’une des réussites massives, car appliquée par plus de 97 % des établissements. Mais les résultats sont beaucoup moins probants pour les espaces extérieurs et les transports », constate Anne Borgne.
Montrer l’exemple
Alors que le gouvernement s’est fixé l’objectif de 500 000 fumeurs en moins chaque année, « les lieux de santé ont un devoir d’exemplarité », insiste Anne-Claire Amprou, directrice générale adjointe de la santé. Mais, « comment renforcer la lutte contre le tabagisme si l’entrée des lieux de santé est occupée par des fumeurs ? Comment convaincre les patients des dangers du tabac lorsque des soignants sont vus avec une cigarette aux doigts ? », interroge-t-elle. « Pour bien faire respecter l’interdiction de fumer dans tous les établissements de santé, il est essentiel de bien identifier les lieux fumeurs extérieurs et les éloigner des entrées », prône Cécile Courrèges, directrice générale de l’offre de soins (DGOS).
Lettre d’engagement
Afin de relancer la stratégie « lieux de santé sans tabac », les directeurs des fédérations hospitalières, conférences de directeurs et présidents de CME ont paraphé une lettre d’engagement à soutenir cette démarche globale visant à « débanaliser le tabac » dans les établissements. Outre la réactualisation de la charte et du guide « Hôpital sans tabac » qui détaille la stratégie globale, le RESPADD a prévu une évaluation annuelle durant trois ans des actions menées en ce sens par ses 500 établissements adhérents. Dans le cadre du parcours de soins patient, le Réseau de prévention des addictions a par ailleurs édité un nouveau livret d’aide à la pratique pour les professionnels pour mieux prendre en charge les fumeurs dans les lieux de santé.
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