Quand les mesures de lutte contre le tabagisme sont effectivement mises en place, elles sont efficaces. À l’inverse, pas de miracle quand rien – ou trop peu – n’est fait, indique une étude menée par l’OMS et publiée dans le « Lancet Public Health ».
En 2005, un traité regroupant des mesures proposées par l’OMS pour lutter contre le tabagisme avait été signé par 179 pays (plus l’Union européenne), couvrant près de 90 % de la population mondiale. En 2015, la consommation avait en moyenne baissé de 2,5 %. Un chiffre variable selon que les pays avaient adopté les mesures en question, ou non.
Pour parvenir à ce résultat, les chercheurs de l’université de Waterloo au Canada, et de l’OMS à Genève, ont pris en compte 5 mesures clés de la convention cadre du contrôle du tabac (Framework Convention on Tobacco Control, ou FCTC). Ces mesures, choisies comme références (les 6, 8, 11, 13 et 14), sont des taxes élevées sur le tabac, une interdiction de fumer dans les lieux publics, des messages d’avertissement sur les paquets de cigarettes, une interdiction totale de la publicité aux produits du tabac, et un soutien aux services d’aide à l’arrêt du tabagisme (lire le détail en anglais).
Chaque mesure adoptée correspond à 1,57 % de réduction du tabagisme
Les chercheurs ont obtenu les données de 126 pays (dont 116 ayant signé le traité) et examiné le lien entre le nombre de mesures totalement mises en œuvre (entre 2007 et 2014, dates des deux recensements de l’OMS sur ce point) et la consommation de tabac entre 2005 et 2015 (selon les données nationales).
En moyenne, le taux de tabagisme dans les 126 pays est passé de 24,7 % en 2005 à 22,2 % en 2015, avec des variables selon le nombre de mesures appliquées ou non. Les régions d’Europe du Nord et d’Amérique du Sud, ayant mis en place un nombre significatif des mesures, ont obtenu une baisse importante de la prévalence du tabagisme (7,1 et 6,8 % respectivement). À l’inverse, la zone Afrique a connu des augmentations (+ 3,4 % en Afrique de l’Ouest, + 12,6 % en Afrique centrale et + 4,6 % en Afrique du Nord), n’ayant que peu mis en place ces mêmes mesures. Notons qu’en France, sur cette période, la consommation est passée de 28,2 % à 24,7 %, soit 3,5 % de diminution. En totalité, une diminution de la consommation a été observée dans 90 pays, et une augmentation dans 24 pays.
Les chercheurs sont parvenus au résultat que chaque mesure mise en œuvre (à son plus haut niveau) était associée à une réduction du tabagisme de 1,57 %.
Interdiction du tabac dans les lieux publics : la mesure la plus suivie
C’est au bannissement du tabac des lieux publics que les pays se sont le plus conformés (à 28 %), tandis que les interdictions dans la publicité étaient les moins suivies (seulement 13 % des 126 pays). Difficile cependant de savoir quelle mesure était la plus efficace : tout d’abord, l’étude étant observationnelle, d’autres facteurs peuvent être en cause. Ensuite, les mesures ayant été mises en place plus ou moins en même temps dans un même pays, on ne pouvait savoir laquelle avait le plus d’impact. Les chercheurs concluent que des progrès plus significatifs pourraient être obtenus si les mesures étaient réellement appliquées.
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